Le 11 août 2025, à l’occasion de la Journée nationale des minorités, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a réaffirmé, dans un message solennel, son engagement envers la protection des droits de toutes les communautés religieuses vivant au Pakistan. S’adressant à la nation, il a insisté sur la nécessité de promouvoir la tolérance, la compréhension mutuelle et l’harmonie entre les différentes confessions, rappelant que les minorités ont contribué de manière significative au progrès et à la stabilité du pays.
Le chef du gouvernement a souligné que la protection des droits fondamentaux de chaque citoyen, quelle que soit sa foi, relevait d’un devoir constitutionnel et moral. Il a affirmé que l’État continuerait à prendre des mesures pour garantir la sécurité et l’égalité des droits des minorités, ainsi qu’à favoriser leur participation à la vie publique et politique. Pour lui, la diversité religieuse est une richesse qui renforce la cohésion nationale et doit être défendue contre toute forme d’intolérance.
Dans le même esprit, le président Asif Ali Zardari a salué le rôle des minorités dans l’histoire du Pakistan et a appelé à préserver l’esprit d’unité inscrit dans la vision des fondateurs de la nation. Il a réaffirmé que la Constitution assure, en droit, l’égalité entre tous les citoyens sans distinction de religion, de caste ou de croyance.
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte où les relations interconfessionnelles demeurent un sujet sensible. Le pays abrite environ 4 % de minorités religieuses, dont des chrétiens, des hindous, des sikhs et des parsis, vivant aux côtés d’une majorité musulmane. La Journée nationale des minorités, instaurée en 2009, a pour objectif de mettre en lumière cette diversité et de rappeler que leur participation est essentielle au développement national.
Cependant, au-delà des messages officiels, de nombreuses organisations internationales et locales rappellent que les minorités continuent de faire face à des difficultés importantes. Les dernières années ont été marquées par plusieurs incidents violents visant des communautés vulnérables, comme l’incendie de lieux de culte chrétiens ou les accusations de conversions forcées de jeunes filles hindoues. Si ces événements ne reflètent pas la position officielle du gouvernement, ils soulignent les tensions persistantes au sein de la société et la nécessité de mesures concrètes pour assurer la sécurité et la liberté religieuse de tous.
Parmi les questions les plus sensibles figure la situation des musulmans ahmadiyyas, considérés par la loi pakistanaise comme non musulmans depuis un amendement constitutionnel de 1974 et soumis à des restrictions sévères dans la pratique de leur foi. Les représentants de cette communauté dénoncent régulièrement des discriminations dans l’accès à l’éducation, à l’emploi et à la représentation politique, ainsi que des violences ciblées commises par des groupes extrémistes. Si le gouvernement affirme vouloir protéger toutes les minorités, le silence sur la condition des ahmadiyyas lors des discours officiels de cette journée a été relevé par plusieurs observateurs comme une omission notable.
Les autorités, de leur côté, mettent en avant les efforts entrepris pour renforcer la législation contre les crimes motivés par la haine religieuse et améliorer la représentation des minorités dans les institutions. Des initiatives de dialogue interconfessionnel sont également encouragées, avec la participation de leaders religieux issus de diverses traditions. Toutefois, les défenseurs des droits de l’homme estiment que ces avancées restent fragiles et nécessitent une volonté politique constante pour être pleinement efficaces.
En consacrant une journée nationale à l’unité et à la reconnaissance des minorités, le Pakistan cherche à affirmer son engagement en faveur d’un modèle de coexistence pacifique. Les propos de Shehbaz Sharif et d’Asif Ali Zardari traduisent cette ambition et portent un message d’apaisement à l’adresse des différentes communautés. Mais pour que ces mots prennent tout leur sens, ils devront s’accompagner d’actions durables visant à combattre toutes les formes de discrimination et à garantir que chaque citoyen, quelle que soit sa religion, puisse vivre en sécurité et avec dignité.