Human Rights Watch (HRW) a lancé un appel pressant à l’État qatari pour qu’il mette fin à ses politiques discriminatoires à l’encontre de la minorité bahá’íe. Dans un communiqué publié le 25 mai, l’organisation dénonce une série de pratiques « soutenues par l’État » qui menacent l’existence même de cette communauté.
« La communauté bahá’íe du Qatar endure depuis des décennies des discriminations et des intimidations de la part des autorités, qui ont à maintes reprises ignoré les demandes de dialogue et de réparation de ses représentants. Ces politiques d’État mettent en péril l’existence même de cette communauté », a déclaré Michael Page, directeur adjoint Moyen-Orient de HRW.
Selon HRW, au moins quatorze membres de la communauté bahá’íe ont été expulsés du pays entre 2003 et 2025, sur la seule base de leur appartenance religieuse. Ces déportations ont entraîné la rupture de liens familiaux, la perte d’emploi et de revenus, ainsi qu’une profonde précarisation sociale.
Par ailleurs, l’organisation signale la résiliation unilatérale de contrats de travail, le refus de délivrance de certificats de bonne conduite – document pourtant requis pour l’emploi au Qatar – et le silence imposé à de nombreux bahá’ís, craignant des représailles.
Le président de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Qatar, Rémy Rowhani, a été arrêté le 28 avril 2025 et détenu à plusieurs reprises. Inculpé en vertu de la loi de 2014 relative à la cybercriminalité pour « diffusion de nouvelles, photos ou enregistrements concernant la vie privée ou familiale », il encourt jusqu’à trois ans de prison et une amende de 100 000 riyals.
Pour asseoir les poursuites, le gouvernement qatari se fonde sur des publications attribuées au compte officiel des bahá’ís du Qatar sur X. Or, l’examen des messages montre qu’ils se limitaient à célébrer les fêtes nationales et la foi bahá’íe.
« Les poursuites contre Rémy Rowhani ne visent pas un individu, mais toute une communauté pacifique », a souligné la Dre Saba Haddad, représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève.
Le Qatar, État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, est tenu de respecter l’article 18 garantissant la liberté de pensée, de conscience et de religion, ainsi que la Déclaration universelle sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction. Or, la persistance de ces politiques viole ces engagements internationaux.
En outre, les projets de réouverture d’un cimetière bahá’í existant ont été retardés, et les certificats de mariage émis par les institutions locales rejetés sans justification. Dépourvue de lieux de culte officiels, la communauté se voit privée de toute reconnaissance administrative et sociale.
Cette situation s’inscrit dans un contexte régional plus large où, notamment en Iran, les bahá’ís subissent depuis quarante ans l’une des répressions les plus violentes répertoriées par des experts onusiens, qui ont dénoncé exclusions scolaires, confiscations de biens et emprisonnements arbitraires.
Dans son article intitulé « Rights group urges Qatar government to end discriminatory policies against Baha’i minority », le site Jurist rappelle l’urgence de mettre un terme à ces pratiques et d’engager un dialogue constructif avec la minorité bahá’íe pour assurer le respect de la liberté religieuse au Qatar.