Le 12 décembre 2025, le pape Léon XIV a reçu en audience à Rome des membres des services de renseignement italiens à l’occasion du centenaire de ces agences de l’État italien. Cette rencontre, perçue comme une première en son genre entre le chef de l’Église catholique et les agents du renseignement italien, a donné lieu à un message clair du souverain pontife sur les obligations morales qui pèsent sur ceux dont la mission est de protéger la sécurité nationale tout en respectant la dignité humaine.
Au cours de cette audience inhabituelle, le pape a salué le rôle des services de renseignement dans la sauvegarde de la sécurité, notamment en période de défis complexes, tout en les exhortant à exercer leurs fonctions avec un sens aigu de l’éthique. Il a souligné que la collecte et l’utilisation d’informations confidentielles ne doivent jamais servir à intimider, manipuler, faire du chantage ou discréditer des individus, y compris des responsables politiques, des journalistes ou d’autres acteurs de la société civile. Cette mise en garde s’inscrit dans un contexte où les services de renseignement doivent, selon lui, rester vigilants afin que leurs actions soient proportionnées au bien commun et respectueuses des droits fondamentaux, dont la vie privée, la liberté de conscience, la liberté d’information et le droit à un procès équitable.
Cette audience a eu lieu alors que Rome accueille environ 30 millions de pèlerins à l’occasion de l’Année Sainte, une période marquée par une coopération renforcée entre les autorités italiennes et la sécurité vaticane. Les responsables des principaux services de renseignement italiens étaient réunis pour célébrer le centenaire de ces institutions, et le pape a profité de l’occasion pour rappeler les limites morales qui doivent guider le travail des espions.
Léon XIV a reconnu la difficulté et la délicatesse du travail des services de renseignement, mais il a insisté sur la nécessité de maintenir une « boussole morale » pour que le recours à des informations sensibles ne devienne jamais un outil de manipulation ou de dénigrement. Il a notamment mis en garde contre l’usage abusif de données confidentielles pour saper la réputation de certains acteurs publics et privés.
Le pape n’a pas fourni de détails spécifiques relatifs à des cas particuliers d’abus, mais son message s’inscrit dans un contexte italien et vatican où les questions de confidentialité et de manipulation de données ont récemment fait l’objet d’un examen public. Il a évoqué le souvenir d’affaires où des données mal utilisées ont causé du tort, afin d’illustrer les conséquences potentiellement graves d’une mauvaise utilisation de l’information.
L’intervention du souverain pontife ne s’est pas limitée à un discours protocolaire. Elle s’inscrit dans une réflexion plus large de l’Église catholique sur la manière dont les institutions humaines, notamment étatiques, doivent conjuguer sécurité et respect des personnes. Si le pape a reconnu l’importance du travail des services de renseignement dans la protection des citoyens et des institutions, il a aussi rappelé explicitement que cet effort doit être conduit dans le cadre de normes éthiques strictes.
Ce rappel intervient à un moment où les sociétés contemporaines sont confrontées à des défis croissants liés à l’usage de technologies de surveillance et de traitement de l’information, dans un monde où les réseaux numériques permettent une diffusion rapide de données potentiellement sensibles. Bien que le pape n’ait pas centré son intervention sur ces aspects technologiques, son insistance sur le respect des droits fondamentaux touche implicitement à ces enjeux contemporains.
Dans son appel aux services de renseignement italiens, le pape a souligné que leurs actions devaient toujours être guidées par le « bien commun », une notion centrale de la doctrine sociale de l’Église, selon laquelle l’autorité légitime doit travailler à la prospérité et à la dignité de tous les membres de la société. Il a rappelé que la quête de sécurité ne doit jamais sacrifier les libertés et les droits civils qui fondent toute société démocratique.
Si l’audience a été rare dans sa forme, elle reflète une préoccupation ancienne de l’Église concernant les relations entre pouvoir temporel et principes moraux. Dans ses propos, Léon XIV a cherché à établir un équilibre entre la reconnaissance des nécessités de la sécurité moderne et l’exigence d’un cadre moral protégeant la dignité de chaque personne.
Cette rencontre place ainsi la question de l’éthique du renseignement au cœur d’un dialogue qui dépasse la simple collaboration institutionnelle pour toucher à des considérations philosophiques et religieuses fondamentales. Pour le pape, tout service, y compris ceux investis de missions sensibles comme le renseignement, doit être soumis à une éthique qui ne se contente pas de respecter la loi, mais qui affirme la primauté de la personne humaine dans toutes les décisions et toutes les pratiques.
