Au Bélarus, plusieurs prisonniers, en particulier des prisonniers politiques et des détenus classés comme « de statut inférieur », se voient refuser l’accès aux services religieux au sein des établissements pénitentiaires. Cette restriction suscite l’indignation de nombreux observateurs et organisations de défense des droits humains.
Un accès restreint aux services religieux
L’administration du camp de travail n° 2 de Bobruisk a interdit au prisonnier politique Vadim Yermashuk d’assister aux offices religieux organisés par l’Église orthodoxe du camp. Cette interdiction, qui concerne plus de 100 prisonniers, a été justifiée par leur appartenance à une catégorie informelle de détenus considérés comme « de bas niveau ». Yermashuk a notamment déclaré que même lors du décès de son frère, il n’a pas été autorisé à allumer un cierge en sa mémoire.
Yahor Martsinovich, un autre prisonnier politique passé par ce camp, a décrit cette interdiction comme une mesure choquante et incompréhensible. Les prisonniers de ce statut sont non seulement exclus des offices religieux, mais également soumis à des tâches subalternes et à des humiliations de la part du personnel et des autres détenus.
Un phénomène répandu dans plusieurs prisons
Le cas du camp n° 2 de Bobruisk n’est pas isolé. D’autres établissements pénitentiaires, tels que le camp de travail pour femmes n° 4 de Gomel, le camp de travail n° 17 de Shklov et le camp de travail n° 15 de Mogilev, ont adopté des restrictions similaires. Ces mesures touchent particulièrement les prisonniers politiques, qui sont souvent privés de leur droit à la pratique religieuse.
Denis Ivashin, un prisonnier politique incarcéré au camp n° 15 à Mogilev, s’est vu refuser l’accès à l’église de la prison. De même, une détenue catholique d’une prison d’investigation n’a pas pu recevoir la visite d’un prêtre avant sa condamnation, une réglementation qui empêche de nombreux détenus de pratiquer leur foi.
Les restrictions s’étendent hors des prisons
Les limitations à l’accès aux services religieux ne concernent pas uniquement les prisons. Regina Lavor, une catholique assignée à résidence entre 2021 et 2023, n’était autorisée à quitter son domicile que deux heures par jour et se voyait interdire de se rendre à l’église.
Sergei Vasilyev, un prisonnier politique détenu à la prison ouverte n° 46 de Krugloye, s’est vu refuser la permission d’assister à une messe catholique locale sous prétexte que les églises catholiques ne figurent pas parmi les lieux autorisés pour les détenus.
Un accès inégal aux services religieux selon les confessions
L’Église orthodoxe semble avoir plus de liberté d’action au sein des prisons bélarusses, bien que son accès soit aussi limité aux prisonniers autorisés. Le nouveau bâtiment de la prison d’instruction n° 1 de Minsk, inauguré en avril 2024, dispose d’une église orthodoxe où seuls certains détenus peuvent assister aux offices. En revanche, les autres confessions, comme les protestants et les catholiques, rencontrent de grandes difficultés pour organiser des visites pastorales.
Le prisonnier politique protestant Vladimir Matskevich n’a reçu aucune visite pastorale depuis son arrestation en 2021. Sa famille estime que toute demande en ce sens ne ferait qu’irriter l’administration pénitentiaire. Les Nations Unies ont interrogé le régime bélarusse sur ce refus en 2022, sans obtenir de justification claire.