Les chrétiens de l’Arunachal Pradesh ont jusqu’à présent empêché l’application d’une loi anti-conversion adoptée en 1978. Toutefois, une décision récente de la Haute Cour de Gauhati pourrait entraîner sa mise en application en mars prochain.
L’Arunachal Pradesh, un État du nord-est de l’Inde, a connu une croissance significative du christianisme depuis les années 1960. Arbom Tasar et Tai Tatu, convertis en 1968, ont introduit cette religion dans leur village de Lete, où les croyances animistes étaient prédominantes. Peu après, des tensions ont éclaté, conduisant à des arrestations et des persécutions de chrétiens dans les années 1970. En 1978, le gouvernement de l’État a adopté la loi sur la liberté de religion, visant à restreindre les conversions religieuses.
Malgré cette législation, la communauté chrétienne a continué à se développer, notamment grâce à des actions missionnaires et des traductions bibliques en langues locales. En 2011, le recensement officiel indiquait que les chrétiens représentaient 30 % de la population, contre 29 % pour les hindous et 26 % pour les adeptes des religions indigènes. Certains dirigeants estiment que la proportion actuelle de chrétiens dépasse 40 %.
Depuis 2018, des débats ont eu lieu concernant l’abrogation de la loi anti-conversion. Le ministre en chef de l’Arunachal Pradesh, Pema Khandu, avait initialement exprimé son soutien à cette abrogation avant de faire marche arrière sous la pression du Bharatiya Janata Party (BJP) et des organisations nationalistes hindoues, notamment le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS). Ces groupes ont favorisé la revitalisation des croyances indigènes, comme le Donyi-Polo et le rangfraa, en réponse à la progression du christianisme.
En 2022, un procès intenté par un ancien dirigeant de l’Indigenous Faith and Cultural Society of Arunachal Pradesh (IFCSAP) a conduit la Haute Cour de Gauhati à ordonner au gouvernement de l’État de finaliser la mise en œuvre de la loi anti-conversion d’ici mars. L’IFCSAP justifie cette demande par la nécessité de protéger les traditions culturelles, estimant que le taux de conversion dépasse 90 % dans certains districts.
La situation actuelle suscite des inquiétudes parmi les chrétiens de l’État, qui redoutent une résurgence des persécutions observées dans les années 1970. Des restrictions sur les rassemblements religieux et des tentatives d’empêcher la tenue d’événements chrétiens ont déjà été signalées.