Un rapport publié par CSW (Christian Solidarity Worldwide) met en évidence la dégradation continue de la liberté de religion ou de conviction au Nicaragua. Intitulé « Contrôle total : l’éradication des voix indépendantes au Nicaragua », le document recense 222 cas distincts de violations de la liberté de religion ou de conviction entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024. La plupart de ces cas impliquent plusieurs infractions et affectent parfois des milliers de personnes.
L’une des violations les plus fréquemment signalées concerne l’interdiction arbitraire de manifestations, d’activités ou de services religieux. La Police nationale a notamment continué d’empêcher les processions religieuses publiques en dehors des lieux de culte. Cette mesure a conduit au maintien d’un moratoire sur les marches publiques organisées par les catholiques et les protestants, notamment celles dédiées à la Journée de la traduction de la Bible en espagnol en septembre.
Le rapport souligne également l’imposition de « mesures de précaution » à certains chefs religieux. Celles-ci obligent les leaders religieux concernés à se présenter chaque semaine auprès d’un policier attitré, à être photographiés et à fournir un compte rendu détaillé de leurs activités hebdomadaires. Des restrictions de déplacement leur sont également imposées, et certains ont déclaré avoir reçu des menaces de détention ou d’exil en cas de non-respect des consignes.
Parmi les cas documentés, celui du pasteur protestant Efrén Antonio Vílchez López est particulièrement mis en avant. Condamné à 23 ans de prison sur la base d’accusations contestées, il souffre de graves complications de santé liées à un diabète mal pris en charge. Le rapport mentionne également les détentions prolongées de Carmen María Sáenz Martínez et Lesbia del Socorro Gutiérrez Poveda, deux laïques catholiques arrêtées en août 2024 et maintenues en détention au secret sans contact avec leurs familles. La Commission interaméricaine des droits de l’homme a recommandé des mesures de protection pour ces trois cas, mais le gouvernement nicaraguayen n’a pas répondu.
Par ailleurs, le gouvernement a poursuivi l’annulation du statut légal de nombreuses organisations de la société civile, y compris des institutions religieuses. Il a également forcé l’exil de centaines de prisonniers politiques.
Anna Lee Stangl, directrice du plaidoyer de CSW, a déclaré que les autorités nicaraguayennes, sous la direction de Daniel Ortega et Rosario Murillo, maintiennent une politique visant à éliminer toute forme d’opposition civile et religieuse. Face à l’absence de réaction du gouvernement aux préoccupations exprimées par l’Organisation des États américains et les Nations unies, elle appelle la communauté internationale à renforcer son soutien aux voix indépendantes du Nicaragua, aussi bien à l’intérieur du pays qu’en exil.