Le 25 et 26 avril 2025, Gernika, au cœur du Pays basque espagnol, est devenue l’épicentre d’une mobilisation internationale pour la paix. Sous le signe de « Un cri pour la paix, la fin des guerres et le respect du droit international », l’Alliance des civilisations de l’ONU (UNAOC) et l’organisation Religions for Peace ont uni leurs forces pour engager un appel sans précédent, invitant États, institutions et citoyens du monde entier à condamner la guerre et à œuvrer pour la dignité humaine.
Le choix de Gernika n’est pas anodin. Ville martyrisée par le bombardement de 1937, elle symbolise les tragédies que peuvent infliger les conflits armés aux populations civiles. Dans le cadre des Journées internationales Culture et Paix, la municipalité, l’UNAOC et Religions for Peace ont orchestré deux jours de tables rondes, de temps de mémoire et d’échanges interdisciplinaires. L’enjeu premier était de relier la commémoration historique à une action contemporaine, en faisant de la mémoire un tremplin pour la diplomatie préventive.
La cérémonie inaugurale, tenue dans le fronton Jai Alai, a réuni un parterre prestigieux : Miguel Ángel Moratinos, Haut Représentant de l’UNAOC ; Francis Kuria, Secrétaire général de Religions for Peace ; l’ancien président du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero ; des représentants du monde universitaire et de la société civile. Après un dépôt de gerbes et la sonnerie des cloches en hommage aux victimes de toutes les guerres, les intervenants ont salué la force symbolique de Gernika : un lieu où la souffrance passée se transforme en appel vivant à la réconciliation.
Conçu en dix points clés, l’appel insiste d’abord sur la condamnation sans réserve de toute agression armée, puis sur l’exigence d’interdiction et de destruction progressive des arsenaux les plus destructeurs, qu’il s’agisse des armes nucléaires, chimiques ou à sous‑munitions. L’importance du respect du droit international humanitaire y est soulignée comme pierre angulaire de toute construction durable de la paix. Les signataires s’engagent également à soutenir les victimes, à garantir l’accès à la justice pour les populations civiles et à renforcer les mécanismes de reddition de comptes face aux crimes de guerre.
Un chapitre spécifique est dédié au rôle des femmes et des jeunes, parties prenantes incontournables des processus de paix. Les organisateurs rappellent que près de 90 % des conflits contemporains touchent directement les femmes, pourtant sous‑représentées dans les négociations. Ils invitent donc les gouvernements, les organisations religieuses et les institutions internationales à promouvoir leur participation pleine et entière dans toutes les instances décisionnelles.
Au-delà des débats formels, la dimension culturelle a donné à l’événement une tonalité à la fois solennelle et porteuse d’espoir. La soprano basque Jone Martínez, associée au chœur local, a entonné un Cantique des peuples ; le groupe « Pause » a offert un concert de clôture, mêlant musiques traditionnelles et compositions contemporaines inspirées du thème de la paix. Ces moments artistiques, célébrant la diversité et la créativité, étaient conçus pour rappeler que la culture peut être un vecteur puissant de réconciliation.
L’initiative « Un cri pour la paix » s’inscrit dans un contexte mondial tendu : la guerre en Ukraine, les violences prolongées au Moyen-Orient et la crise sécuritaire au Sahel illustrent l’urgence de renforcer les relations multilatérales. Pour l’UNAOC et Religions for Peace, le dialogue interreligieux et interculturel n’est pas un luxe, mais un impératif pour prévenir l’escalade des violences. En ce sens, l’appel vise à créer un réseau de « capteurs de paix » dans toutes les grandes capitales, capables de diffuser le Décalogue pour la paix et de soutenir les initiatives locales de réconciliation.
À Gernika, les autorités locales ont déjà annoncé la diffusion, tout au long de l’année 2025, d’expositions itinérantes, de conférences et d’ateliers destinés aux écoles, afin d’ancrer le message de la non‑violence dans la mémoire collective. Parallèlement, d’autres villes marquées par les conflits — notamment Sarajevo et Nagasaki — ont manifesté leur intérêt pour accueillir des éditions spéciales de l’appel, prolongeant ainsi l’itinérance symbolique de Gernika à travers le temps et les continents.
L’un des objectifs à moyen terme est d’inciter les États à ratifier ou à renforcer les traités de désarmement, en particulier la Convention sur les armes chimiques et la Convention sur les armes à sous‑munitions, tout en plaidant pour l’interdiction universelle des armes nucléaires. Les organisateurs entendent par ce plaidoyer contribuer à créer une « véritable communauté internationale de la paix », où la solidarité envers les victimes se conjugue avec l’obligation de rendre des comptes pour les auteurs de violations graves.
En clôture, « Un cri pour la paix » réaffirme que la construction d’un monde pacifique requiert l’engagement de tous : responsables politiques, leaders religieux, médias et citoyens. Gernika, en rappelant sa propre histoire, offre un puissant message d’espérance : là où le passé a semé la douleur, le présent peut semer les graines de la réconciliation et du respect mutuel. Que ce cri, lancé depuis le Pays basque, résonne aux quatre coins de la planète et impulse de nouveaux actes concrets pour un avenir sans guerre.