Les pluies de mousson de cet été ont laissé derrière elles un paysage dévasté dans plusieurs régions du Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest du Pakistan, où des villages entiers ont été engloutis, des milliers de familles déplacées et des moyens de subsistance anéantis. Selon le National Disaster Management Authority, depuis le 26 juin, plus de mille personnes ont déjà perdu la vie. Les infrastructures — habitations, accès à l’eau potable, services médicaux — ont été fragilisées, laissant sur le bord du chemin des populations dont la résilience se révèle aujourd’hui à travers un nouvel élan de solidarité interreligieuse.
Face à l’ampleur de la catastrophe, l’État pakistanais a vu ses ressources débordées. Dans ce contexte, l’intervention de relais associatifs et religieux s’est avérée déterminante : des bénévoles musulmans, chrétiens, hindous et sikhs se sont mobilisés pour mettre en place des camps médicaux, distribuer des rations alimentaires et garantir l’accès à l’eau. Parmi eux, United Sikhs, très actif dans la région, intervient sans distinction de foi. Selon son responsable local : « Nous suivons les enseignements de Guru Nanak : l’humanité d’abord. » Pour Subhash Chander, bénévole hindou, « la meilleure forme de culte est de servir les autres ». Solidarité interreligieuse.
De son côté, le Department of Auqaf and Religious Affairs Khyber Pakhtunkhwa a mis à disposition des propriétés de waqf — biens religieux — pour accueillir les sinistrés et prévoit d’évaluer et de reconstruire les lieux de culte endommagés. Le ministre provincial en charge a souligné que toutes les ressources de la province étaient mobilisées.
Cette crise est d’abord un symptôme aigu des vulnérabilités du Pakistan face aux chocs climatiques. Mais elle révèle également une dynamique de veille communautaire nouvelle : dans les camps improvisés, des jeunes volontaires de tous horizons et de toutes confessions sont partis en bateau vers des familles isolées, prêts à secourir, porter des médicaments, offrir un mot de consolation.
Le réflexe de l’inter-confraternité — c’est-à-dire l’entraide entre croyants de confessions diverses — apparaît ici non seulement comme une réponse d’urgence, mais comme un ferment de longue durée pour un tissu social fragilisé. Il suggère qu’au-delà des différences rituelles, c’est bien une conception partagée de la dignité humaine qui se révèle au cœur de l’épreuve. Comme le résume Bilal Siddiqui, bénévole musulman : « Notre religion, l’islam, nous enseigne de soutenir toute personne, quelle que soit sa foi. »
Pour autant, l’ampleur des besoins reste immense. Le nombre de maisons endommagées ou détruites, la perte de bétail, l’accès interrompu aux services élémentaires, tout cela exige des efforts de reconstruction de long terme. La solidarité interreligieuse ne se substitue pas à l’intervention publique, mais la complète — en hauteur, en présence, en confiance sur le terrain.