L’Inde, souvent présentée comme la plus grande démocratie du monde, est confrontée à des tensions religieuses croissantes, illustrées de manière alarmante par la récente adoption d’une loi dans l’État d’Assam visant à réprimer ce qu’elle qualifie de « pratiques de guérison magique » parmi les chrétiens. Cette initiative, présentée comme une mesure de prévention contre les pratiques frauduleuses, soulève de sérieuses préoccupations concernant la liberté religieuse et l’équité pour toutes les communautés religieuses en Inde.
L’adoption du projet de loi sur les pratiques de guérison de l’Assam (prévention des pratiques maléfiques), 2024, par le cabinet d’Assam, dirigé par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), a déclenché une vague de critiques de la part des responsables chrétiens et des défenseurs des droits de l’homme. Le ministre en chef d’Assam, Himanta Biswa Sarma, a justifié cette démarche en affirmant que l’objectif était de freiner l’évangélisation dans l’État, accusant les chrétiens d’utiliser ces pratiques pour convertir les populations tribales.
Cette justification est profondément troublante, car elle suggère une motivation politique et religieuse derrière la législation, plutôt qu’une véritable préoccupation pour le bien-être des citoyens. En ciblant spécifiquement les pratiques des chrétiens, le gouvernement d’Assam ignore la diversité des pratiques religieuses et le droit constitutionnel à la liberté de religion.
Les réponses des responsables de l’Église et des organisations chrétiennes ont mis en évidence le caractère fallacieux de ces accusations. L’Assam Christian Forum a vigoureusement contesté les allégations du gouvernement, soulignant que les pratiques de guérison étaient menées dans le cadre médical reconnu et n’avaient aucun lien avec le prosélytisme. De plus, les dirigeants chrétiens ont souligné que la prière et la guérison divine sont des pratiques universelles présentes dans toutes les religions, et ont exhorté au respect de la diversité religieuse garantie par la Constitution indienne.
Pourtant, ces tensions ne se limitent pas à la législation sur les pratiques de guérison. Les demandes de retrait des symboles chrétiens dans les écoles et les menaces contre les établissements chrétiens soulèvent des inquiétudes plus larges concernant l’intolérance religieuse et la montée du nationalisme religieux en Inde. L’exigence selon laquelle les écoles chrétiennes doivent se conformer à des pratiques hindoues est une violation flagrante de la liberté religieuse et de la diversité culturelle qui caractérisent l’Inde.
Les incidents récents, tels que l’ultimatum lancé aux écoles chrétiennes et les menaces contre les établissements religieux, soulignent la nécessité d’une action urgente pour protéger les droits des minorités religieuses en Inde. Les autorités de l’État doivent garantir la sécurité et la liberté des communautés chrétiennes et prendre des mesures fermes contre toute forme de discrimination ou d’intimidation religieuse.
La loi d’Assam contre les prétendues « pratiques de guérison magique » parmi les chrétiens est une manifestation inquiétante de l’intolérance religieuse et de la discrimination en Inde. Au lieu de renforcer la cohésion sociale, de telles mesures attisent les divisions et menacent les fondements mêmes de la démocratie pluraliste de l’Inde.