Amnesty International a publié ce mardi 24 septembre une alerte concernant les abus systématiques des droits de l’homme perpétrés par l’Agence de sécurité intérieure (ASI) en Libye. Cette agence, basée à Tripoli, aurait soumis des dizaines de personnes à des violations graves des droits de l’homme, telles que la disparition forcée, la détention arbitraire et la torture, sous le prétexte fallacieux de « protéger la vertu ».
Selon le rapport, l’ASI aurait intensifié sa répression de la liberté de pensée, d’expression et de croyance, en particulier depuis la promulgation d’un décret en mai 2023 par l’Autorité générale pour les dotations et les affaires islamiques (Awqaf), visant à réprimer les « déviations religieuses, intellectuelles et morales ». Cette campagne aurait ciblé principalement les jeunes Libyens, en particulier de la communauté amazighe ou berbère, ainsi que des ressortissants étrangers, au nom de « la sauvegarde de la vertu et de la purification de la société ».
Les « aveux » forcés diffusés par l’ASI sur les réseaux sociaux révèlent des cas troublants où des individus, y compris des femmes et des enfants, sont contraints de reconnaître des accusations telles que la propagation de l’athéisme, l’apostasie, ou encore l’homosexualité. Ces personnes se retrouvent ensuite en détention provisoire, accusées de crimes passibles de la peine de mort.
Les méthodes utilisées par l’ASI pour arrêter et interroger les personnes visées sont particulièrement alarmantes. Les agents de sécurité procèdent à des arrestations sans mandat, parfois en arrêtant les proches des personnes recherchées pour les contraindre à se rendre. Les détenus sont ensuite soumis à la torture et à des mauvais traitements, allant de violences physiques à des violences sexuelles, sans la présence d’un avocat.
Le rapport d’Amnesty International met également en lumière la répression ciblée contre la communauté amazighe en Libye. Des militants amazighs et ibadites sont particulièrement visés, avec des fuites de listes de noms suggérant une surveillance et une arrestation imminente. Des attaques contre des sites culturels et religieux ont également été signalées, démontrant une volonté de supprimer les pratiques et les croyances qui ne s’alignent pas avec l’idéologie dominante.
Face à cette situation alarmante, Amnesty International appelle les autorités libyennes à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ces abus. Bassam Al Kantar, chercheur sur la Libye pour Amnesty International, insiste sur la nécessité de libérer immédiatement toutes les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, et de traduire en justice les responsables de ces violations des droits de l’homme.