Le président russe Vladimir Poutine a une nouvelle fois sollicité et obtenu le soutien du Patriarcat de Moscou pour justifier et renforcer la guerre en Ukraine. Ce soutien a été symboliquement marqué lors de la Divine Liturgie de Noël orthodoxe, célébrée le 7 janvier à la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou par le Patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe.
La cérémonie, qui coïncidait avec la célébration de Noël selon le calendrier julien (celui utilisé en Russie), a rassemblé de nombreux fidèles et figures politiques, illustrant une fois de plus le rôle central de l’Église orthodoxe russe dans la sphère publique et politique du pays. Le Patriarche Kirill, connu pour ses prises de position en faveur du Kremlin, a utilisé cette occasion pour réitérer son soutien indéfectible à Vladimir Poutine et à la stratégie militaire russe en Ukraine.
Dans son discours, Kirill a accusé le monde occidental de haïr la Russie, non pas pour sa puissance militaire ou ses capacités nucléaires, mais pour avoir choisi une « voie alternative de développement civilisé ». Il a également qualifié l’Occident de société en « plein effondrement moral », soulignant que la Russie se positionne comme un exemple de coexistence entre foi, science, culture et tradition.
Ce soutien s’est traduit par la bénédiction de plusieurs icônes et croix destinées aux soldats russes engagés dans le conflit en Ukraine. Ces objets, portant les initiales du président Vladimir Poutine, symbolisent la combinaison entre foi religieuse et patriotisme militaire, selon des informations relayées par les agences de presse russes et confirmées par Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Ces bénédictions viseraient à renforcer le moral des troupes dans une guerre qui dure maintenant depuis 34 mois.
Le Patriarche a également insisté sur la dimension spirituelle de cette guerre, déclarant que « Dieu est avec nous », une formule qui cherche à légitimer les actions militaires russes comme une lutte juste et nécessaire contre les influences étrangères.
Une opposition grandissante au sein du monde orthodoxe
Alors que l’Église orthodoxe russe s’aligne sur les objectifs du Kremlin, des voix dissidentes s’élèvent au sein de la communauté orthodoxe mondiale. Les archontes du Patriarcat œcuménique, influents laïcs attachés au siège spirituel de Constantinople, ont lancé un appel le 8 janvier pour que le Patriarcat de Moscou cesse son soutien explicite à la guerre en Ukraine.
Dans une déclaration rendue publique par le média grec Ekathimerini, ils ont exhorté le Patriarche Kirill à mettre fin à son implication dans les affaires politiques et militaires. Ils l’ont également invité à cesser ses ingérences dans d’autres régions, notamment en Afrique, où la Russie chercherait à étendre son influence religieuse et géopolitique.
La dimension historique et symbolique de la cathédrale
Le lieu de la célébration, la cathédrale du Christ-Sauveur, revêt une importance particulière dans ce contexte. Construite au XIXe siècle pour commémorer la victoire de la Russie sur Napoléon, elle fut détruite dans les années 1930 sur ordre de Joseph Staline, avant d’être reconstruite dans les années 1990. Symbole du renouveau religieux et national en Russie post-soviétique, elle illustre le lien entre foi, patriotisme et pouvoir d’État.