Le shintoïsme est une religion traditionnelle du Japon. Le mot « shintô » signifie littéralement « la voie des dieux » (kami no michi). C’est une religion très ancienne, sans fondateur identifié ni texte sacré unique, qui s’est développée à travers les coutumes et croyances populaires japonaises.

Les kami
Au cœur du shintoïsme se trouvent les kami, divinités ou esprits qui résident dans les forces de la nature, les éléments, les animaux, les ancêtres ou certains lieux. Un kami peut être aussi bien une montagne, une rivière ou un arbre qu’une divinité plus personnifiée. Les kami ne sont pas des dieux tout-puissants au sens occidental, mais des présences sacrées qui accompagnent la vie quotidienne.
Pratiques et rituels
Le shintoïsme est avant tout une religion de pratiques et de rituels. Les fidèles se rendent dans des sanctuaires (jinja) pour prier, déposer des offrandes, demander protection ou remercier les kami. Les rituels mettent l’accent sur la pureté : on se purifie les mains et la bouche avant d’entrer dans un sanctuaire, et de nombreux rites visent à écarter les impuretés spirituelles (kegare).
Les grandes fêtes saisonnières (matsuri) rythment la vie des communautés, associant prières, processions, danses et célébrations populaires. Le Nouvel An (shōgatsu) est particulièrement important, car c’est l’occasion de visiter les sanctuaires pour commencer l’année sous la protection des kami.
Croyances et vision du monde
Le shintoïsme n’impose pas de dogmes stricts ni de règles de foi. C’est une religion profondément ancrée dans la vie quotidienne et dans la nature. Elle valorise l’harmonie entre les êtres humains, le respect des kami et de l’environnement. La mort y est souvent perçue comme une source d’impureté, et les rites funéraires sont traditionnellement pris en charge par le bouddhisme, avec lequel le shintoïsme coexiste depuis des siècles au Japon.
Histoire et évolution
Le shintoïsme est présent dans les mythes fondateurs du Japon, notamment ceux rapportés dans le Kojiki et le Nihon Shoki (VIIIᵉ siècle), qui racontent l’origine divine du pays et de sa dynastie impériale. L’empereur est longtemps considéré comme un descendant de la déesse solaire Amaterasu.
À l’époque moderne, le shintoïsme a été instrumentalisé par l’État japonais, surtout à partir de l’ère Meiji (1868), pour renforcer le nationalisme et le culte de l’empereur. Après la Seconde Guerre mondiale, cette dimension politique a été officiellement abolie, et le shintoïsme est redevenu une religion libre, centrée sur ses rites et ses traditions. Cependant, il existe une forme de shintoïsme davantage laïque ou civil, qui transcende souvent l’engagement religieux stricte. Cette dimension s’est affirmée dès l’ère Meiji avec la “Secular Shrine Theory” (Secular Shrine Theory), qui présentait les sanctuaires shinto comme des institutions nationales relevant plutôt de l’identité et de la moralité civique que de la religion. Aujourd’hui, ce double visage est très vivant. Beaucoup de Japonais visitent les sanctuaires — notamment pour le hatsumōde (première visite de l’année) ou les matsuri (festivals traditionnels) — sans pour autant se dire “religieux”. Ils vivent ces pratiques comme des rites culturels, des moments de réflexion ou des occasions communautaires.
Aujourd’hui, la plupart des Japonais participent à des rituels shinto, même s’ils ne se déclarent pas toujours pratiquants. Beaucoup associent rites shinto pour les célébrations de la vie (naissance, mariage, fêtes) et rites bouddhistes pour la mort et les funérailles. Le shintoïsme reste donc profondément lié à l’identité et à la culture japonaises.
Ouvrages et textes
Le shintoïsme ne possède pas de livre sacré unique comparable à la Bible ou au Coran. Ses textes de référence sont surtout des chroniques anciennes, comme le Kojiki (« Chronique des choses anciennes », 712) et le Nihon Shoki (« Chroniques du Japon », 720). D’autres écrits, tels que le Engishiki (Xe siècle), détaillent les rituels et la liturgie.
Répartition
Le shintoïsme est pratiqué presque exclusivement au Japon, où l’on compte environ 80 000 sanctuaires.