Le Pérou avance dans son projet de loi pour protéger la liberté de conscience et de religion, marquant ainsi un pas significatif vers la protection des droits individuels face aux pressions idéologiques de l’État et de ses agents. Le mardi 5 mars, la Commission de la Constitution et du Règlement du Congrès péruvien a approuvé un projet de loi crucial, le n° 5923/2023, présenté par le député Alejandro Muñante, membre influent du bloc Vie et Famille. Ce projet vise à modifier l’article de la loi sur la liberté religieuse afin de garantir le plein exercice du droit à l’objection de conscience, un droit fondamental permettant à une personne de s’opposer à l’accomplissement d’un devoir légal ou administratif pour des raisons de convictions morales ou religieuses.
Selon le député Muñante, cette modification législative introduira une procédure administrative au sein des institutions publiques pour traiter les demandes d’objection de conscience de manière équitable et rapide, adaptée à chaque cas spécifique. Actuellement, le système étatique ne prévoit pas de telles procédures, ce qui rend cette avancée d’autant plus cruciale pour garantir les droits individuels des citoyens.
Muñante souligne que ces dernières années, la société péruvienne a été confrontée à des politiques étatiques imposées telles que l’avortement, l’euthanasie et l’idéologie du genre, qui vont à l’encontre des convictions de nombreux citoyens. La nouvelle procédure vise à garantir préventivement que chaque individu puisse s’opposer légalement à toute imposition contraire à ses croyances ou convictions, renforçant ainsi les principes de liberté et de respect des droits individuels.
En août 2023, le gouvernement péruvien a lancé le « Plan de mise en œuvre progressive de la formation obligatoire en matière de genre 2023-2030 », une initiative qui exige que les fonctionnaires et les travailleurs suivent une formation spécifique en matière de genre. Face à de telles politiques, plusieurs experts, dont l’ancien président de la Cour constitutionnelle du Pérou, Ernesto Álvarez Miranda, ont soutenu la proposition législative visant à prévenir des situations conflictuelles.
Selon Miranda, il est impératif d’établir des procédures adéquates pour permettre l’expression du droit à l’objection de conscience face à des devoirs légaux ou administratifs qui violent les convictions personnelles basées sur le critère de la conscience individuelle. Cette approche garantirait un équilibre entre les politiques publiques et le respect des droits individuels.
Javier Ferrer Ortiz, professeur de droit de l’État ecclésiastique à l’université de Saragosse en Espagne, a également salué cette initiative, soulignant qu’elle représente une avancée significative dans le domaine du droit comparé. En effet, aucun autre pays n’a encore formulé un concept d’objection de conscience aussi clairement dans ses lois relatives à la liberté religieuse, ce qui fait du projet de loi péruvien un exemple potentiel pour d’autres nations.
Ferrer Ortiz compare cette avancée avec les lois en vigueur dans d’autres pays hispanophones tels que l’Espagne et la Colombie, où les lois sur la liberté religieuse et de culte ne traitent pas spécifiquement de l’objection de conscience de manière aussi détaillée. Cette lacune souligne l’importance du projet de loi péruvien dans le paysage juridique international en matière de protection des droits individuels.
Le projet de loi sur la liberté de conscience au Pérou devra suivre plusieurs étapes avant d’être promulgué en tant que loi. Tout d’abord, il doit être soumis au vote de l’assemblée plénière du Congrès, où il sera examiné et débattu par les législateurs. Une fois approuvé par l’assemblée, le projet de loi devra être ratifié par le gouvernement avant de devenir effectif.
Cette avancée législative représente un pas important vers la protection des droits individuels et de la liberté de conscience au Pérou, marquant ainsi une étape significative dans l’évolution juridique du pays. En garantissant le droit à l’objection de conscience, le gouvernement péruvien démontre son engagement envers les principes démocratiques et les libertés fondamentales de ses citoyens, tout en établissant un précédent juridique important dans le contexte international.