L’anabaptisme est une branche du christianisme évangélique qui met l’accent sur un baptême conscient et volontaire, réservé aux adolescents et aux adultes. Il rejette donc la pratique du baptême des très jeunes enfants. Le terme « anabaptisme » dérive du grec ecclésiastique « anabaptizein », qui signifie « rebaptiser ».
Ce mouvement religieux est né au XVIe siècle dans le cadre de la Réforme radicale, un courant qui s’est développé en marge de la Réforme protestante. Les anabaptistes revendiquent une filiation directe avec les pratiques des premiers chrétiens, qu’ils cherchent à restaurer. Aujourd’hui, l’anabaptisme demeure un pilier important des églises évangéliques.
Les anabaptistes s’appuient sur les Évangiles, notamment les passages de Matthieu 3:13-16 et Luc 3:23, qui rapportent que Jésus a été baptisé à l’âge adulte. De même, les Actes des apôtres (8:10 et 8:12) montrent que les premiers baptêmes chrétiens concernaient uniquement des adultes. Historiquement, le baptême des jeunes enfants est une pratique qui n’est apparue qu’au IVe siècle, pour être finalement officiellement adoptée par l’Église catholique lors du Concile de Trente en 1545.
Rejetant cette tradition tardive, les réformateurs anabaptistes prônaient un retour aux pratiques des débuts du christianisme. Ils considéraient que le baptême devait être reçu en pleine conscience, excluant ainsi les enfants en bas âge. Ceux qui avaient été baptisés avant l’âge de raison devaient renouveler ce sacrement.
L’anabaptisme a donné naissance à plusieurs courants religieux, parmi lesquels les huttérites, les mennonites et les « Frères suisses ». Ce dernier groupe, actif dès 1527, a publié la Confession de Schleitheim, un document fondateur résumant leur foi en sept points essentiels, dont :
- Le baptême des croyants : réservé aux adultes ayant fait preuve de repentance et accepté la foi en Christ.
- L’exclusion des pécheurs : les croyants coupables de fautes graves sont avertis et, en cas de récidive, excommuniés.
- La Sainte-Cène* : accessible uniquement aux baptisés.
- La séparation des institutions séculières : refus de participer aux guerres ou aux systèmes judiciaires.
- Le pastorat : les pasteurs doivent être choisis pour enseigner et guider la communauté.
- Le pacifisme : rejet de toute forme de violence.
- L’interdiction des serments : refus de prêter serment dans un cadre civil ou judiciaire.
L’anabaptisme a souvent suscité l’hostilité des autorités religieuses catholiques et protestantes, car il remettait en question des pratiques comme le baptême infantile, jugé crucial pour le salut des enfants dans la théologie traditionnelle. De plus, les anabaptistes rejetaient l’alliance entre pouvoir politique et religion, refusant par exemple de servir dans l’armée ou de se soumettre à l’autorité des princes.
Persécutés dans plusieurs régions, notamment dans les cantons de Zurich et Berne, de nombreux anabaptistes ont fui vers des zones rurales ou des régions montagneuses comme le Jura. Certains ont émigré en Amérique, où leur foi a continué à s’épanouir.
Les idées et les pratiques des anabaptistes continuent d’influencer des groupes tels que les Amish, les huttérites, les mennonites et les Frères de Schwarzenau.
* La Sainte-Cène est un rite sacré protestant durant lequel les membres dconsomment du pain et de l’eau en mémoire de l’expiation de Jésus-Christ. Ce rituel joue un rôle central dans le culte et le progrès spirituel des fidèles. En participant à cette pratique, les membres renouvellent les engagements qu’ils ont pris envers Dieu lors de leur baptême.