L’Antoinisme est un mouvement religieux fondé en 1910 à Jemeppe-sur-Meuse, en Belgique, par Louis-Joseph Antoine (1846-1912). Issu d’un milieu ouvrier et d’éducation catholique, Antoine développe très tôt une relation profonde avec la prière. Ayant peu d’instruction, il s’intéresse cependant au spiritisme avant de vivre un bouleversement majeur avec la perte de son fils à l’âge de 20 ans. Par la suite, il se découvre un don de guérison et commence à recevoir des personnes en quête de soins spirituels à son domicile. Son approche attire une population ouvrière en recherche d’une alternative aux institutions établies.
Progressivement, Antoine élabore sa propre doctrine et érige un temple sur le site de sa maison personnelle. Celui-ci est inauguré le 15 août 1910. À son décès en 1912, appelé « désincarnation » par ses adeptes, son épouse Jeanne-Catherine Collon, connue sous le nom de « mère Antoine », prend en charge l’organisation et la diffusion du culte. Au fil du temps, 64 temples sont bâtis, principalement en Belgique et en France, et plus de quarante salles de lecture sont implantées dans divers pays, y compris au Brésil. Dans les années 1920, le culte antoiniste compte environ 700 000 sympathisants, dont 300 000 en Belgique, ce qui lui vaut d’être qualifié par certains médias de l’époque de « deuxième religion de Belgique ».
L’Antoinisme repose sur une vision dualiste du monde où coexistent une dimension spirituelle régie par la loi divine, la conscience, et une dimension matérielle perçue comme une illusion issue de l’intelligence. L’homme, en quête de libération du cycle des réincarnations, doit progresser moralement pour atteindre une conscience plus élevée. Ce cheminement repose sur la purification des « fluides », qui incarnent les pensées, les paroles et les actions humaines.
Dans la doctrine antoiniste, les fluides sont perçus comme des énergies immatérielles influençant la santé physique et spirituelle des individus. Ils sont classés en deux catégories : les fluides spirituels, qui favorisent l’élévation et la guérison, et les fluides lourds, associés aux souffrances et aux épreuves terrestres. La qualité de ces fluides dépend de l’état moral et de l’évolution spirituelle de chacun. En se purifiant par l’amour, la prière et une vie en accord avec les principes antoinistes, une personne peut recevoir ou transmettre des fluides bénéfiques, renforçant ainsi son bien-être et celui des autres.
Les pratiques antoinistes sont menées dans les temples par des officiants vêtus de noir, qui exercent bénévolement. Les fidèles y sollicitent des interventions spirituelles, souvent liées à des questions de santé. Le mouvement célèbre les grandes fêtes chrétiennes ainsi que trois jours spécifiques dédiés à Antoine, à son épouse et à la consécration du premier temple.
L’enseignement d’Antoine est retranscrit dans la revue « L’Auréole de la Conscience », publiée entre 1907 et 1909, et dans trois ouvrages où figurent notamment « Les Dix Principes du Père ». L’Antoinisme se distingue par son universalité et son approche non dogmatique, insistant sur la primauté de la conscience individuelle sur les règles établies par l’intelligence humaine.