Le Bembé do Mercado, célébré chaque année le 13 mai à Santo Amaro, dans le Recôncavo Baiano, est reconnu comme le plus grand candomblé* de rue du monde. Cette manifestation religieuse et culturelle, qui commémore l’abolition de l’esclavage au Brésil, a fêté en 2025 ses 136 ans. Elle est inscrite au Patrimoine Culturel Immatériel du Brésil depuis 2000.
Lors de cette édition, la ministre des Droits Humains et de la Citoyenneté, Macaé Evaristo, a souligné l’importance du respect de la diversité religieuse. Elle a affirmé : « L’État n’a pas de religion, mais il doit respecter la croyance et la religion de chacun. C’est notre cri. » Elle a également rappelé que la dignité des individus ne peut être pleinement respectée sans le respect de leur spiritualité. Elle a déploré la persistance des violences à l’encontre des religions afro-brésiliennes, notant que plus de deux mille signalements avaient été enregistrés l’année précédente.
Le Bembé do Mercado est bien plus qu’une simple célébration religieuse. Il incarne la résistance du peuple noir brésilien face à l’oppression historique. En investissant l’espace public, les pratiquants du candomblé affirment leur liberté et leur droit à la dignité, à l’éducation, à la santé, à la culture et à la liberté de culte.
Cette célébration est également l’occasion de rendre hommage à l’ancestralité noire et de dénoncer le racisme persistant. Ângela Guimarães, secrétaire à la Promotion de l’Égalité Raciale et des Peuples et Communautés Traditionnels de l’État de Bahia, a souligné que cette journée était non seulement celle du Bembé do Mercado, mais aussi celle de la lutte contre le racisme. Elle a rappelé que la population noire a passé plus de temps sous le régime de l’esclavage que dans la liberté, une liberté qui n’est pas encore pleinement réalisée.
La députée d’État de Bahia, Olívia Santana, a également pris la parole pour saluer les divinités de la religiosité africaine. Elle a déclaré : « Nous devons résister et vivre dignement. » Elle a ajouté que les tambours allaient résonner en l’honneur de Xangô, des Yabás, de Yansã et de Nkisi.
Le Bembé do Mercado est une expression vivante de la culture afro-brésilienne et un symbole de la lutte pour la liberté religieuse et contre le racisme. Il rappelle que la spiritualité est au cœur de la résistance et de l’affirmation de l’identité noire au Brésil.
* Le candomblé est une religion afro-brésilienne née au Brésil au cours de la période coloniale, fusionnant les croyances des peuples africains, principalement ceux originaires des régions de l’Afrique de l’Ouest, avec des éléments du catholicisme, du spiritisme et de traditions locales. Sa pratique repose sur le culte des orixás, des divinités associées aux forces de la nature et aux éléments essentiels de la vie humaine, telles que la terre, l’eau, l’air et le feu. Les adeptes du candomblé croient que ces orixás influencent le destin des individus et qu’ils doivent être honorés à travers des rituels, des chants, des danses et des offrandes. La cérémonie, menée dans des temples appelés terreiros, crée un espace où les participants peuvent se connecter spirituellement avec ces divinités.
Le candomblé a longtemps été une religion de résistance et de survie face à l’oppression des colonisateurs portugais et de l’esclavage. Alors que les esclaves africains étaient forcés de se convertir au catholicisme, ils ont réussi à préserver leur propre spiritualité en camouflant leurs orixás sous les traits de saints catholiques. Cette religion continue aujourd’hui de jouer un rôle important dans la préservation de la culture noire au Brésil et dans la lutte pour la liberté religieuse et contre les discriminations raciales. Le candomblé est également un vecteur de solidarité et de communauté, un lieu où l’identité culturelle et spirituelle des afro-brésiliens se trouve affirmée et célébrée.