Le druzisme est une religion du Moyen-Orient. Les historiens vous diront qu’elle est née de l’Islam, et plus précisément de l’ismaélisme, une branche du chiisme. Mais si vous parlez à un druze, il vous dira que sa religion n’est pas l’islam, et que le druzisme est une religion à part entière.
Elle est née en Égypte, lorsqu’au XIe siècle le vizir Muhamad al-Darazi (qui donna son nom à cette religion), un Perse originaire de l’actuelle Ouzbékistan (certains le disent plutôt d’origine turque), a créé un culte autour des enseignements du Calife Hakim. Puis, succédant à Darazi, le philosophe Hamza (lui aussi originaire de Perse) devint le prophète de cette religion et en exprima les croyances principales.
Les druzes vivent aujourd’hui principalement au Liban, en Israël et en Syrie. Ils sont un peu plus d’un million. On ne peut devenir druze par conversion, on ne l’est que par la naissance. Il a existé par le passé une fenêtre de conversion : pendant 24 ans au XIe siècle (de 1019 à 1043), aux débuts de la religion en Égypte, il fut possible de se convertir au druzisme. Puis la fenêtre se referma et plus personne ne put se convertir. Il faut être né de père et mère druzes pour être druze.
L’enseignement ésotérique du druzisme est absolument secret. Les écrits sacrés le sont aussi et ne sont ouverts qu’aux initiés. Un druze, au cours de sa vie, peut soit resté un « laïque », soit choisir d’être initié et devenir un Sheikh (sage). Ce choix peut se faire à tout moment, mais il n’est pas réversible. En choisissant de devenir initié, le druze s’engage à suivre des principes éthiques et religieux plus élevés, et devra s’y conformer toute sa vie. Seul un faible pourcentage des druzes sont initiés. Et seuls les initiés ont accès aux secrets du druzisme.
Le druzisme postule l’unité absolue de Dieu. C’est un monothéisme. D’ailleurs, les druzes se nomment eux-mêmes les Mouwahhidoun, ce qui signifie les « unitaires », car ils sont ceux qui défendent la vraie unité de Dieu.
Le druzisme postule aussi la réincarnation. L’âme, la personne elle-même, se réincarne encore et encore. Mais seuls des druzes se réincarnent dans des corps de druzes, et tous les druzes se réincarnent dans des familles druzes. C’est une réincarnation intracommunautaire.
Les druzes reconnaissent les enseignements de nombreux philosophes et prophètes, et les incluent dans leur propre enseignement sacré. On trouve dans le druzisme des interprétations d’enseignements issus de religions perses et indiennes (le Bouddha est par exemple considéré comme un prophète légitime), du néoplatonisme, du gnosticisme et du messianisme. Le poète et écrivain Gérard de Nerval qui avait visité les druzes écrivait : « Ainsi, dans le catéchisme druse, le principal ministre, nommé Hamza, qui est le même que Gabriel, est regardé comme ayant paru sept fois ; il se nommait Schatnil à l’époque d’Adam, plus tard Pythagore, David, Schoaïb ; du temps de Jésus, il était le vrai Messie et se nommait Éléazar ; du temps de Mahomet, on l’appelait Salman-el-Farési, et enfin, sous le nom d’Hamza, il fut le prophète de Hakem, calife et dieu, et fondateur réel de la religion druse. »
Ils reconnaissent aussi les enseignements de l’islam, mais ne considèrent pas la Charia (la loi islamique) comme devant s’appliquer.
Les Druzes croient à un imam caché, un guide vivant spirituellement qui les conduit. Ils attendent son retour. Cet imam est Hakim.
Ils enseignent à leur communauté le respect de toutes les religions et le respect de leurs textes sacrés. Récemment, les druzes d’Israel ont créé de puissants liens avec la communauté de scientologues d’Israël, aussi étonnant que cela puisse paraitre*.
Mais pour le reste, il vous faudrait être initié, et à moins d’être né de père et mère druze… Pourtant, Gérard de Nerval affirme dans une lettre du 22 octobre 1853, adressée au docteur Émile Blanche, qu’il a été initié aux secrets du druzisme. Si Gérard l’a pu, pourquoi pas vous ?
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* Bernadette Rigal Cellard, Université Bordeaux Montaigne, in « L’expansion visible de l’Église de Scientologie et ses acteurs », 2019 :
« Cette étude des récents développements de l’Église de Scientology a été déclenchée par le fait que j’ai appris que des Druzes du nord d’Israël suivaient des cours de Scientology. Ayant passé du temps parmi les Druzes du Chouf au Liban, j’ai été très surpris d’entendre qu’une communauté aussi ancienne et secrète, qui ne partageait qu’avec parcimonie les principes et les pratiques de sa religion, pouvait s’ouvrir à une autre vision du monde, une vision aussi totalement moderne et occidentale.
En juillet 2017, des amis à moi ont été invités par le cheikh Husein Laviv Abu Rukun, président des administrateurs druzes et fondateur de l’Association pour la préservation du patrimoine druze, à visiter sa communauté à Isfyia, dans le nord du pays. Dans sa bibliothèque, il possède une grande collection de livres de LRH [L. Ron Hubbard, le fondateur de la Scientology] qu’il considère comme un véritable prophète et un grand maître de l’humanité.
Selon les propres termes du cheikh : ‘Depuis ma première rencontre avec des croyants des enseignements de Ron Hubbard, j’ai continué à rencontrer des scientologues enthousiastes et charmants qui sont inflexibles dans leur mission de redresser les torts partout où ils existent et qui organisent et font avancer des activités pour élever l’humanité dans des communautés à travers les cinq continents… J’ai puisé dans cette sagesse depuis lors, et j’ai promu cette sagesse dans mon monde en Israël et à l’étranger – une sagesse de pureté qui ne néglige aucune des barrières qui empêchent le progrès de l’humanité ou son amour les uns pour les autres. Ron Hubbard et ses disciples font tout ce qu’ils peuvent pour démontrer et inculquer la vérité selon laquelle tous les hommes sont créés libres et égaux – une vérité retentissante et significative pour les Druzes, qui aspirent à être considérés comme égaux à tous à tous égards.‘ »