Au Vietnam, deux militants Khmers Krom bouddhistes ont été condamnés par un tribunal à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à quatre ans pour avoir distribué des livres sur les droits des populations indigènes, ce qui a été qualifié d' »abus de la liberté démocratique ». To Hoang Chuong, âgé de 38 ans, a écopé de quatre ans de prison, tandis que Thach Cuong, âgé de 37 ans, a été condamné à trois ans et demi par le tribunal populaire du district de Cau Ngang, dans la province de Tra Vinh, en vertu de l’article 331 du code pénal.
Les défenseurs des droits de l’homme soulignent que l’article 331 est souvent utilisé pour réprimer les dissidents, en particulier les Khmers Kroms du delta du Mékong, une région autrefois située au sud-est du Cambodge et aujourd’hui intégrée au Vietnam. Les Khmers Kroms, considérés comme des Cambodgiens vivant au Vietnam, ont été ciblés par les Khmers rouges de Pol Pot dans les années 1975-1979.
Danh Minh Quang, 34 ans, a également été condamné à trois ans et demi de prison le mois dernier pour des activités similaires dans une province voisine. Les procureurs ont accusé les trois militants d’avoir troublé « l’unité nationale et religieuse », déformé l’histoire et insulté les autorités à travers leurs publications sur Facebook, y compris des commentaires, des photos et des vidéos en direct.
Selon la Commission internationale des États-Unis pour la liberté religieuse (USCIRF), ces militants ont été ciblés pour avoir diffusé des informations sur les droits des peuples autochtones selon la Déclaration des Nations unies. Ils ont également plaidé pour le droit des bouddhistes Khmers Kroms à pratiquer leur religion sans ingérence de l’État, en tenant compte de leur identité ethnique et culturelle.
L’USCIRF a rapporté que To Hoang Chuong aurait été détenu et torturé temporairement en juin 2023 alors qu’il rendait visite à un autre militant détenu. Le Vietnam a été désigné comme un pays particulièrement préoccupant en matière de liberté religieuse par l’USICRF en novembre 2022, une désignation que le gouvernement vietnamien cherche probablement à voir levée, surtout avec la préparation de la première visite papale prévue pour cette année.
L’USCIRF a également noté en septembre dernier des violations flagrantes et continues des droits de l’homme au Vietnam, en particulier dans les zones rurales et provinciales, affectant principalement les minorités ethniques et religieuses.