La militante pour l’éducation des filles et prix Nobel de la paix, Malala Yousafzai, a exhorté dimanche les dirigeants musulmans à rejeter les politiques des talibans, les accusant de perpétrer un « apartheid entre les sexes » en Afghanistan.
Lors de la séance de clôture d’un sommet international organisé à Islamabad, au Pakistan, sur l’éducation des filles dans les communautés musulmanes, Malala a critiqué les restrictions imposées par les talibans à l’accès des femmes à l’éducation et à l’emploi. Elle a demandé aux leaders musulmans de ne pas légitimer leur régime et de les tenir responsables de leurs actes.
« Depuis plus de trois ans, les talibans privent chaque fille afghane de son droit à apprendre, en utilisant notre foi pour justifier ces injustices », a déclaré Mme Yousafzai. « Leur mission est claire : effacer les femmes de la vie publique et les exclure de la société. Cela revient à nier leur humanité. »
Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans imposent une interprétation stricte de la charia, interdisant aux filles d’aller à l’école au-delà de la sixième année et limitant fortement l’emploi des femmes à quelques secteurs.
Le sommet de deux jours, organisé par la Ligue musulmane mondiale et le gouvernement pakistanais, a rassemblé des responsables et universitaires de près de 50 pays musulmans, ainsi que des représentants d’organisations internationales.
Malala a appelé les dirigeants présents à agir : « En tant que leaders musulmans, vous devez élever la voix et montrer un véritable leadership basé sur les principes de l’islam. Les femmes et les filles afghanes doivent pouvoir construire leur propre avenir. » Elle a également demandé aux érudits musulmans de dénoncer unanimement les lois oppressives imposées par les talibans.
Bien que les talibans défendent leurs politiques comme étant conformes à la charia et à la culture afghane, ces mesures sont largement condamnées à l’international. Une déclaration issue de la conférence a critiqué les « idéologies extrémistes » et les détournements de principes religieux qui entravent l’éducation des filles.
Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue musulmane mondiale, a rappelé que l’islam prône l’éducation pour tous, affirmant que ceux qui s’y opposent sont dans l’erreur. Il a cependant souligné que le sommet n’était dirigé contre aucun pays ou groupe en particulier.
Des responsables des Nations unies, comme Roza Otunbayeva, ont également plaidé pour un soutien concret aux filles afghanes, par le biais de bourses et d’autres formes d’éducation à distance.
Jusqu’à présent, aucun pays n’a reconnu le régime taliban, notamment en raison des restrictions imposées aux droits des femmes. Cependant, certains pays de la région, comme la Chine, l’Iran et la Russie, maintiennent des relations diplomatiques avec les talibans.