Une explosion a secoué mercredi soir une mosquée bondée de fidèles à Maiduguri, dans l’État de Borno, au nord-est du Nigeria, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés. L’attaque, survenue en pleine prière du soir, illustre une fois de plus la persistance d’une violence qui frappe l’ensemble de la société nigériane, sans se limiter à une seule communauté religieuse.
Selon un communiqué de la police de l’État de Borno, l’explosion s’est produite vers 18 h (heure locale) à la mosquée Al-Adum, située dans le quartier animé du marché de Gamboru à Maiduguri, alors que les musulmans se rassemblaient pour la prière du Maghrib. Les autorités ont confirmé au moins cinq morts et trente-cinq blessés, dont plusieurs dans un état grave, après leur transfert vers l’hôpital universitaire de Maiduguri et le State Specialist Hospital.
La nature de l’explosion laisse penser à un attentat-suicide. Des fragments d’un gilet suspecté d’appartenir au kamikaze ont été découverts sur les lieux, selon les forces de sécurité. À l’heure où les enquêtes se poursuivent, aucune organisation n’a revendiqué formellement l’attaque.
Le gouverneur de l’État, Babagana Zulum, a qualifié les faits de « barbares et inhumains », soulignant la profanation qu’implique une attaque visant un lieu de culte au moment où les fidèles accomplissent leurs rites.
Maiduguri, épicentre historique de l’insurrection de Boko Haram, connaît depuis plus de quinze ans des épisodes récurrents de violences attribuées à des groupes armés islamistes, notamment Boko Haram et sa dissidence affiliée à l’État islamique en Afrique de l’Ouest. Ces groupes ont multiplié les attaques contre des zones civiles, des marchés, des mosquées, mais aussi des écoles et des églises, causant des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés depuis 2009.
Cette attaque intervient dans un contexte de tension accrue. Le nord-est du Nigeria reste l’une des régions les plus instables du pays malgré les opérations militaires menées par les autorités fédérales et leurs partenaires régionaux. La violence chronique a engendré une crise humanitaire durable, touchant indistinctement les populations musulmanes et chrétiennes.
Dans le débat international et médiatique, l’attention se porte fréquemment sur les attaques visant les communautés chrétiennes, notamment dans le centre du pays, où les enlèvements et les massacres ont profondément marqué l’opinion. Les violences perpétrées dans le nord-est, et en particulier les attaques contre des mosquées, rappellent pourtant que les civils musulmans figurent eux aussi parmi les principales victimes du terrorisme. Les lieux de culte musulmans ne sont pas épargnés par une stratégie de terreur destinée à briser les solidarités locales et à déstabiliser la vie collective.
La cohabitation religieuse, fragile mais profondément ancrée dans de nombreuses régions nigérianes, est mise à l’épreuve par ces attentats répétés. À Maiduguri comme ailleurs, musulmans et chrétiens vivent et travaillent souvent côte à côte. Les attaques contre une mosquée ne relèvent pas d’un conflit confessionnel au sens strict, mais d’une violence armée qui s’exerce contre l’ensemble de la société.