D’après les recherches de la House of Commons Library, un service de recherche et d’information basé au Parlement britannique, le Nigeria se trouve actuellement au sixième rang mondial sur la 2024 World Watch List, un classement établi par l’ONG Open Doors International, qui met en lumière les pays où les chrétiens subissent la persécution la plus extrême. Cette situation alarmante a été discutée lors d’un débat dirigé par Fiona Bruce, Envoyée Spéciale sur la Liberté de Religion du parlement britannique, à Westminster Hall le 25 janvier 2024, mettant en évidence la nécessité d’une action internationale face à cette crise.
Les chiffres de Open Doors sont particulièrement préoccupants, indiquant que 82 % des 4 998 chrétiens tués pour des raisons liées à la foi en 2023 l’ont été au Nigeria. Le député Jim Shannon a appelé à un débat focalisé sur le Nigeria, soulignant le « catalogue continu de violence » qui persiste dans le pays.
Les données recueillies par l’Observatoire de la liberté religieuse en Afrique (ORFA) apportent un éclairage supplémentaire sur la situation. Bien que le rapport de juillet 2023 ait montré une diminution de 2 % des meurtres et une baisse significative des attaques contre des communautés au deuxième trimestre 2023, les chiffres restent alarmants. Entre avril et juin 2023, 1 637 chrétiens ont été tués, 642 enlevés, 119 attaques ont visé des communautés chrétiennes et 511 autres attaques ont été recensées.
Le député Jim Shannon a également souligné les attentats de Noël 2023, où des villages de l’État du Plateau ont été attaqués, entraînant la mort d’au moins 160 personnes. Ces attaques, attribuées à des militants peuls, ont également conduit à la destruction de huit églises et au déplacement de 15 000 personnes à l’intérieur du pays.
Open Door met en garde contre la fausse perception d’une division purement géographique entre chrétiens et musulmans au Nigeria. De nombreux chrétiens vivent dans le nord du pays, en particulier dans la région du centre-nord, où la persécution est la plus intense.
Les motivations des attaques violentes au Nigeria sont multiples, avec des problèmes de sécurité généralisés dans tout le pays. L’insurrection de Boko Haram dans le nord-est, les conflits entre éleveurs et agriculteurs, ainsi que d’autres conflits dans le delta du Niger et le sud-est contribuent à cette instabilité.
Le député Jim Shannon identifie l’extrémisme islamiste comme un moteur majeur de la persécution religieuse au Nigeria, soulignant la montée de groupes tels que les militants Fulani, Boko Haram et ISWAP.
La réponse du gouvernement britannique à ces événements tragiques a été de soulever ces questions lors de multiples forums avec les autorités nigérianes. Fiona Bruce, en tant qu’envoyée spéciale du Royaume-Uni pour la liberté de religion et de conviction, a joué un rôle essentiel dans cette démarche. Le gouvernement britannique a également examiné ses relations avec le Nigeria, exprimant des préoccupations concernant le traitement des minorités religieuses.