Une nouvelle étude du Pew Research Center, publiée le 26 juin 2025, révèle que près d’un adulte sur dix dans le monde, âgé de 18 à 54 ans, a quitté la religion de son enfance. L’analyse, qui porte sur 117 pays et territoires représentant 92 % de la population mondiale en 2010, fournit une vue d’ensemble des dynamiques de changement religieux à l’échelle globale. Elle met en lumière à la fois les forces de rétention des traditions religieuses et l’essor des personnes se déclarant sans affiliation.
Globalement, 90 % des adultes de moins de 55 ans conservent la religion dans laquelle ils ont été élevés. Ce chiffre cache néanmoins de fortes disparités selon les traditions. Ainsi, l’hindouisme et l’islam affichent des taux de rétention exceptionnels : 99 % des personnes ayant grandi dans ces religions s’y identifient toujours à l’âge adulte. À l’autre extrême, seuls 78 % des bouddhistes restent affiliés à leur religion d’enfance. Le christianisme enregistre un taux de fidélité intermédiaire, avec 83 % de rétention.
La catégorie des personnes sans religion, désignées comme « nones » dans les enquêtes du Pew Forum, présente un taux de continuité élevé : 93 % de ceux qui ont grandi sans religion restent sans affiliation religieuse à l’âge adulte. Mais c’est aussi le groupe qui bénéficie du plus fort gain net en nombre d’adhérents. En effet, si 7,5 % de ceux qui étaient sans religion dans leur jeunesse ont ensuite rejoint une religion, 24,2 % des personnes interrogées ont quitté une tradition religieuse pour devenir non affiliées. Le gain net pour le groupe des « sans religion » s’élève ainsi à 16,7 points pour 100 personnes.
À l’inverse, certaines religions enregistrent un recul net. Le christianisme perd 11,6 points, avec 17,1 % de départs contre seulement 5,5 % d’arrivées. Le bouddhisme, quant à lui, connaît une perte nette de 9,8 points, avec 22,1 % de désaffiliés et 12,3 % de nouveaux venus. Ces données ne reflètent pas nécessairement une hostilité à la religion en soi, mais témoignent plutôt de l’émergence de formes de religiosité individuelle ou d’une prise de distance vis-à-vis des institutions traditionnelles.
Les taux de mobilité religieuse varient également selon le niveau de développement des pays. Dans les pays à indice de développement humain (IDH) élevé — soit 0,8 ou plus —, la médiane des désaffiliations atteint 18 %. À l’opposé, dans les pays les moins développés (IDH inférieur à 0,55), cette proportion chute à 3 %. L’urbanisation, l’accès à l’éducation, l’exposition à la diversité religieuse et la liberté de choix semblent jouer un rôle important dans cette dynamique. Toutefois, certaines exceptions existent, notamment dans des pays comme la Thaïlande et le Cambodge, où les taux de rétention restent élevés malgré un développement économique modéré.
L’étude rappelle également que les mouvements internes ne modifient pas toujours la répartition globale des religions dans le monde. Par exemple, bien que le christianisme ait connu une baisse de 1,8 point entre 2010 et 2020 en raison des désaffiliations, il reste la religion la plus pratiquée à l’échelle mondiale. De même, la diminution du nombre de bouddhistes, en recul de 0,8 point sur la même période, ne reflète pas uniquement des conversions, mais aussi des tendances démographiques plus larges.
L’analyse du Pew Research Center souligne enfin que la transmission religieuse reste dans de nombreux cas le principal vecteur de continuité. Plus une religion réussit à transmettre ses croyances et ses pratiques dès l’enfance, plus elle est susceptible de maintenir son nombre d’adhérents à long terme. En cela, l’islam et l’hindouisme semblent particulièrement efficaces. À l’inverse, les religions les plus touchées par la désaffiliation sont souvent celles qui sont historiquement implantées dans des pays industrialisés, où l’individualisme et la sécularisation gagnent du terrain.
Ces résultats apportent des éléments de compréhension essentiels pour évaluer les évolutions futures du paysage religieux mondial. Ils montrent que si les grandes traditions demeurent globalement stables, les dynamiques de fond indiquent une diversification croissante des parcours spirituels et une montée continue du nombre de personnes sans affiliation religieuse, en particulier dans les sociétés les plus développées.