À Fleet Street, au cœur de Londres, s’est tenue une rencontre inédite, organisée par la National Secular Society (NSS) et Debate London : deux figures emblématiques — le rabbin réformé Dr Jonathan Romain et Hifsa Haroon‑Iqbal, directrice des médias de l’Association of British Muslims — ont uni leur voix pour défendre la pratique de la circoncision face aux critiques formulées au nom de la sécularisation.
Ce débat opposait les défenseurs de la circoncision à deux représentants de la NSS, Dr Alejandro Sanchez et Dr Antony Lempert, ce dernier étant issu d’un milieu juif. Ces deux derniers s’en prennent à cette intervention rituelle au nom de la protection de l’enfant, dénonçant le manque de consentement éclairé et les risques potentiels si l’acte est pratiqué hors d’un cadre médical.
Le rabbin Romain a défendu avec vigueur une longue tradition multimillénaire. Selon lui, la circoncision est non seulement un marqueur central des identités juive et musulmane, mais aussi un acte largement médicalisé et sûr lorsqu’il est confié à des professionnels compétents. Il a rappelé que, depuis plus de quatre mille ans, si cette pratique présentait un danger avéré, elle aurait disparu avec les autres rites bibliques abandonnés au fil du temps.
Il a également souligné que ce n’est pas une pratique réservée aux communautés religieuses : elle est répandue aux États‑Unis, promue pour des raisons prophylactiques en Afrique, et même choisie par la reine Élisabeth II pour ses enfants, prenant soin de recourir à un mohel plutôt qu’à un médecin civil.
Le rabbin a partagé son vécu : « Je n’ai jamais souffert de cette intervention » et n’hésiterait pas à la proposer à ses fils si un quelconque doute subsistait. Il a également mentionné les conversions masculines où plus de cinquante convertis adultes ont confirmé ne pas avoir ressenti de changement négatif en termes de plaisir sexuel, venant ainsi renforcer le caractère non traumatique de la circoncision.
L’auditoire, largement laïc, semblait pencher vers la motion « les garçons ne devraient pas être circoncis rituellement ». Les sceptiques ont pointé les questions d’intégrité corporelle, de consentement, et les traumatismes possibles. Pour les opposants, les risques liés à des praticiens non qualifiés ou non régulés doivent être mis sur la table.
Au‑delà de la défense de la circoncision, cet événement marque une étape dans la coopération interreligieuse : juifs et musulmans se sont retrouvés côte à côte pour rappeler la valeur de pratiques qui transcendent les frontières confessionnelles. Dans un contexte où la sécularisation et les lois sur la protection de l’enfance suscitent de plus en plus de débats, cette prise de position conjointe souligne une volonté de faire entendre la voix des communautés concernées.
Dans un climat européen cherchant à encadrer ou proscrire la circoncision au nom des droits de l’enfant, l’initiative britannique constitue un exemple précieux de dialogue où traditions, religion, droit et médecine tentent de trouver un équilibre. Juifs et musulmans, affirmant l’importance de leur rite, appellent à une pratique régulée, sécurisée et respectueuse des croyances.