Oslo, Norvège – La tension monte alors que les Témoins de Jéhovah entament un procès historique contre l’État norvégien, alléguant une violation de leur liberté religieuse. Leur décision de contester le gouvernement découle d’une série d’événements débutant en janvier 2022, lorsque le gouverneur du comté d’Oslo, Valgerd Svarstad Haugland, a retiré leur enregistrement national, faisant des Témoins de Jéhovah la première communauté religieuse à perdre ce statut en Norvège.
Les Témoins de Jéhovah se sont vus refuser l’accès aux subventions de l’État après que Mme Haugland ait déterminé que leurs pratiques étaient « exclusives » et violaient la loi norvégienne sur les communautés religieuses. Cette décision découle de l’interdiction faite aux Témoins de Jéhovah de contacter les membres expulsés ou ceux qui quittent volontairement le groupe, une pratique jugée « inconfortable » pour les individus selon Haugland.
Cependant, les Témoins de Jéhovah contestent ces allégations, affirmant que les anciens de la congrégation ne surveillent pas la vie personnelle des fidèles. Jarrod Lopes, porte-parole de la religion, soutient que contrairement aux accusations, ils ne cherchent pas à contrôler la foi individuelle de leurs membres.
Ce procès, qui a débuté le 8 janvier 2024, est devenu un sujet brûlant en raison de son importance pour la liberté de religion et de conviction en Norvège. Willy Fautré, directeur de Human Rights Without Frontiers, une ONG de défense des droits de l’homme basée à Bruxelles, a qualifié cette affaire de « la plus importante concernant la liberté de religion en Norvège depuis des décennies », soulignant les implications potentielles pour d’autres groupes religieux.
Pendant ce temps, les témoins de Jéhovah font également face à une escalade des crimes de haine en Norvège. Depuis septembre 2022, des incidents violents ont été signalés, notamment des agressions physiques et des attaques incendiaires contre leurs biens.
Pour Jørgen Pedersen, porte-parole des Témoins de Jéhovah, l’enjeu va bien au-delà de leur organisation. « L’État norvégien s’intéresse à mes croyances et dit ‘nous n’aimons pas cela' », déclare-t-il. Pour lui, une telle ingérence constitue une violation de son intégrité en tant que personne religieuse.
Alors que ce procès se poursuit, il met en lumière un débat crucial sur la liberté religieuse en Europe et son équilibre délicat avec les préoccupations de l’État. La décision finale aura probablement des répercussions importantes non seulement pour les Témoins de Jéhovah en Norvège, mais aussi pour d’autres groupes religieux confrontés à des défis similaires à travers le continent.