Au terme d’une année de controverse, le ministère danois des Affaires ecclésiastiques a officiellement clos, fin novembre 2025, une enquête administrative ouverte à l’automne 2024 à l’encontre de la communauté des Témoins de Jéhovah. Cette procédure de supervision, déclenchée dans un contexte de forte exposition médiatique, n’a abouti à aucune sanction. Les autorités ont conclu qu’aucune violation de la loi danoise ne pouvait être établie et que la communauté respectait les obligations légales applicables aux organisations religieuses reconnues.
L’affaire trouve son origine dans une série d’articles publiés par le tabloïd Ekstra Bladet, qui affirmait que certaines pratiques internes des Témoins de Jéhovah, notamment leurs mécanismes disciplinaires, entraient en conflit avec les exigences du droit danois. Les articles suggéraient en particulier des manquements dans la transmission d’informations aux autorités civiles en cas d’infractions pénales présumées, et décrivaient les structures internes de la communauté comme de véritables « tribunaux religieux ». Ces accusations ont rapidement suscité un débat public et politique, poussant le ministère à engager une vérification administrative.
Après examen des documents transmis et des réponses apportées par la communauté, le ministère a estimé que les Témoins de Jéhovah ne contrevenaient pas à la législation nationale. La décision de clore l’enquête confirme que l’existence de règles internes de discipline religieuse, tant qu’elles ne se substituent pas à la justice civile ni n’entravent l’application du droit pénal, ne constitue pas en soi une infraction au droit danois. Cette conclusion a été interprétée par plusieurs observateurs comme une clarification nette des limites de l’intervention de l’État dans la vie interne des communautés religieuses.
Parallèlement à la procédure administrative, la couverture médiatique d’Ekstra Bladet a elle-même été examinée par le Conseil danois de la Presse. Saisi de plaintes relatives à plusieurs articles, cet organe indépendant de régulation a critiqué le tabloïd pour des manquements aux règles déontologiques du journalisme. Le Conseil a notamment reproché à Ekstra Bladet d’avoir présenté comme des faits établis des affirmations insuffisamment vérifiées et d’avoir employé des termes susceptibles d’induire le public en erreur sur la nature et le fonctionnement réel des instances internes des Témoins de Jéhovah.
La décision du Conseil de la Presse met en cause une approche journalistique jugée excessivement sensationnaliste, où la recherche de l’impact médiatique l’a emporté sur la rigueur factuelle. Dans un pays attaché à la liberté de la presse, cette critique institutionnelle rappelle que celle-ci s’accompagne d’une responsabilité particulière lorsque sont en jeu la réputation et les droits d’une minorité religieuse.
La clôture de l’enquête administrative, conjuguée au rappel à l’ordre adressé au tabloïd, conduit à une conclusion sans ambiguïté : au terme des vérifications menées par les autorités compétentes, il apparaît clairement que les Témoins de Jéhovah n’ont pas enfreint la loi danoise. Si le débat public sur les pratiques internes des groupes religieux demeure légitime, cette affaire souligne la nécessité de distinguer l’examen critique fondé sur des faits établis d’une mise en cause médiatique approximative, susceptible d’alimenter la défiance et la stigmatisation.
