Restitution historique :
Mercredi, une décision historique a été saluée par les peuples autochtones, en particulier les Ohlones, alors que la ville de Berkeley a voté la restitution de terres autochtones sacrées datant de plusieurs milliers d’années. Cette action est perçue comme une correction d’erreur historique majeure, redonnant ainsi aux premiers habitants du territoire qui est aujourd’hui Berkeley, en Californie, la place qui leur revient dans l’histoire.
Le terrain en question, un parking de 0,89 hectare, constitue la seule partie non aménagée du tertre de coquillages de West Berkeley. C’est là que les ancêtres du peuple Ohlone ont établi la première colonie humaine sur les rives de la baie de San Francisco il y a 5 700 ans.
Le conseil municipal de Berkeley a adopté à l’unanimité une ordonnance accordant le titre de propriété du terrain au Sogorea Te’ Land Trust. Ce collectif, dirigé par des femmes de la région de la baie de San Francisco, s’engage à restituer les terres aux populations indigènes. Après avoir réuni la majeure partie des fonds nécessaires, le collectif a conclu un accord avec les promoteurs immobiliers propriétaires du terrain.
Lors d’une conférence de presse organisée pour célébrer cet événement historique, Melissa Nelson, présidente du conseil d’administration du Sogorea Te’ Land Trust, a exprimé sa vision : « Nous voulons être un lieu où les dirigeants autochtones du monde entier peuvent venir se rassembler en solidarité. Nous voulons éduquer, restaurer et guérir ».
L’annonce de cette restitution a été accueillie par des applaudissements nourris, symbolisant un mouvement plus large visant à restituer d’autres terres aux peuples autochtones.
Le site restitué, désormais classé monument historique depuis l’an 2000, sera dédié à des fins éducatives, cérémonielles et environnementales. Il abritera des plantes médicinales et des aliments autochtones, créant ainsi une oasis pour les pollinisateurs et la faune locale. De plus, il servira de lieu d’apprentissage pour les jeunes afin qu’ils puissent découvrir et perpétuer leur héritage culturel, y compris à travers les danses et les cérémonies ancestrales.
Le maire Jesse Arreguín a souligné l’importance de cet espace en déclarant : « Le site sera un lieu d’éducation, de prière et de préservation, et il survivra à chacun d’entre nous aujourd’hui pour continuer à raconter l’histoire du peuple Ohlone ». Il a également salué la résilience inébranlable de cette communauté face aux adversités historiques.
Avant l’arrivée des colons espagnols dans la région, le tertre de coquillages abritait un village et servait de lieu de cérémonie et de sépulture pour les Ohlones. Cependant, l’arrivée des Espagnols a entraîné l’expulsion forcée des Ohlones de leurs villages, les contraignant à travailler dans les missions locales. Les colons anglophones ont ensuite pris possession des terres et ont détruit le monticule de coquillages pour divers usages, notamment pour la construction des routes de Berkeley.
Sophie Hahn, membre du conseil municipal de Berkeley, a exprimé sa consternation face à cette histoire tragique et honteuse. Elle est à l’origine de la demande de restitution du terrain, une démarche qui a abouti après une bataille juridique de six ans avec le promoteur Ruegg & Ellsworth LLC, basé à Berkeley et propriétaire du parking en question.
Le règlement de cette affaire a été possible après que Ruegg & Ellsworth a accepté 27 millions de dollars pour régler toutes les réclamations en suspens et remettre la propriété à Berkeley. Le Sogorea Te’ Land Trust a contribué à hauteur de 25,5 millions de dollars pour cette restitution, tandis que Berkeley a déboursé 1,5 million de dollars.
Le trust a des plans ambitieux pour le site restitué, envisageant la construction d’un parc commémoratif comprenant un nouveau monticule de coquillages et un centre culturel. Ce centre abritera des objets tels que des poteries, des bijoux et des paniers découverts au fil des ans, certains étant actuellement exposés au musée d’anthropologie Phoebe A. Hearst de l’université de Californie à Berkeley.
Corrina Gould, cofondatrice du Sogorea Te’ Land Trust et présidente de la tribu des Confederated Villages of Lisjan Ohlone, a exprimé son émotion lors du vote de restitution du terrain par le conseil municipal de Berkeley. Elle a rappelé que le monticule de coquillages était un lieu de cérémonie et de sépulture, soulignant l’importance culturelle et spirituelle de sa préservation.
La restitution de ces terres sacrées aux Ohlones représente un pas significatif vers la reconnaissance et la réparation des injustices historiques commises à l’égard des peuples autochtones.