La République démocratique du Congo (RDC) a récemment annoncé la levée du moratoire sur les exécutions, en vigueur depuis 21 ans, provoquant ainsi une vive controverse au sein de la société congolaise. Cette décision draconienne vise à répondre à la montée de la violence et aux attaques des insurgés dans les provinces orientales du pays, notamment celles perpétrées par les rebelles du M23.
Le gouvernement, par le biais de la ministre congolaise de la justice, Rose Mutombo, a souligné que cette mesure vise à dissuader la collaboration avec les rebelles et à freiner les actes de terrorisme et de banditisme urbain entraînant des pertes en vies humaines. Selon le texte du 13 février, les actes de trahison ou d’espionnage auraient causé d’immenses dommages à la population et à la République, justifiant ainsi le rétablissement de la peine capitale pour « débarrasser l’armée de notre pays des traîtres ».
Des hauts gradés militaires, des législateurs, des sénateurs et des chefs d’entreprise de la région orientale ont été appréhendés pour avoir été soupçonnés de collaborer avec l’ennemi. Ces arrestations interviennent dans un contexte de conflit entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soulevant des inquiétudes quant à l’infiltration des forces de sécurité par les rebelles, parfois avec la complicité de personnes en charge de la défense nationale.
Cependant, cette décision a été fortement contestée par les organisations de défense des droits de l’homme, y compris par les institutions catholiques et les dirigeants de l’Église en RDC. Le cardinal Fridolin Ambongo de Kinshasa a exprimé son opposition de manière véhémente, qualifiant le rétablissement de la peine de mort comme un « pas en arrière » pour la nation.
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision catholique francophone KTO, le cardinal Ambongo a critiqué la décision gouvernementale, soulignant l’ironie de condamner à mort des individus qualifiés de traîtres alors que les vrais traîtres seraient, selon lui, ceux détenant le pouvoir et ne servant pas les intérêts du peuple.
La Fédération internationale des ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) a également réagi avec fermeté, déclarant que la reprise des exécutions aurait des conséquences dramatiques et qu’elle ne contribuerait en rien à résoudre les problèmes de violence et d’insécurité dans l’est de la RDC. Ils ont appelé le président Félix Tshisekedi à revenir sur cette législation et à concentrer les efforts sur le renforcement de l’État de droit et de la justice dans le pays.