Dans le catholicisme, une hérésie est une conception que l’Église considère comme erronée en matière de foi, une conception contraire au dogme approuvé.
Le mot grec « hairesis », d’où le mot français d’hérésie provient, signifie « choix », « préférence pour une idée ou pensée » mais aussi « école de pensée », « secte », sans que ce dernier terme ait alors une connotation péjorative.
Dans l’ancien contexte religieux, caractérisé par des pratiques plus rituelles que dogmatiques, l’haíresis ne revêtait pas le caractère dramatique qu’elle acquerra plus tard dans le christianisme. À ses débuts, un hérétique était simplement une personne pratiquant un rituel différent de celui des autres, sans que ce terme ne porte de connotation négative. Initialement, le mot hérésie faisait référence au choix ou à la préférence pour une doctrine, avant d’être associé à une connotation péjorative par l’Église catholique, désignant alors une doctrine dissidente voire égarée.
Avec le christianisme, le mot « hérésie » est devenu l’équivalent du mot « secte » avec la connotation péjorative qu’il connait aujourd’hui (d’ailleurs selon les traductions de la bible en français on emploie le mot « secte » [ex : Bible de Louis Second] ou le mot « hérésie » [ex : Bible de Martin] aux mêmes emplacements).
C’est à partir de la fin du XIIe siècle que les hérétiques ont commencé à être persécutés à grande échelle. Dans les siècles qui suivent, les hérétiques furent pourchassés et jugés (comme le furent par exemple les cathares), sans avoir droit à l’assistance d’un avocat la plupart du temps, et les peines étaient de cet ordre :
Si la culpabilité d’hérésie est confirmée, le juge rappelle les principes doctrinaux et demande solennellement à l’accusé de les accepter par une déclaration de foi. En cas de repentir de l’accusé, il est soumis à une simple peine de pénitence, comprenant des actes de piété, des œuvres charitables, ou un pèlerinage, à moins qu’il n’ait propagé activement ses croyances, auquel cas il risque l’emprisonnement, exécuté par les autorités laïques. En cas de refus de se rétracter, l’accusé est excommunié et ainsi voué à une damnation éternelle. Le châtiment par le feu n’est réservé qu’aux récidivistes, c’est-à-dire à ceux qui ont renié leur foi lors d’un précédent jugement mais qui recommencent à propager leurs idées hérétiques.
Au XVIe siècle la peine de mort devient quasiment la norme pour les cas d’hérésie.
Aujourd’hui dans l’Église catholique, on n’emploie quasiment plus le terme d’hérétique, mais on parle de « frères séparés », c’est-à-dire des chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique.
Le mot hérésie a acquis aujourd’hui le sens commun de « opinion qui va à l’encontre des normes établies et des idées généralement acceptées dans les domaines de la pensée, de la connaissance et de la religion. »
Ce qui fait qu’on peut tous devenir les hérétiques d’un dogme quelconque. La « science » elle-même, autrefois considérée comme une grande hérésie, ne peut-elle avoir elle aussi ses procès en hérésie contre ses propres hérétiques, scientifiques dissidents ?
Pour finir sur une note plus enjouée, lisons l’écrivaine Elsa Triolet : « Les scientifiques sont arrêtés par l’idée de l’absurde, de l’hérésie scientifique, l’artiste rien ne l’arrête, il n’est pas embarrassé par la science… C’est ainsi qu’il pénètre derrière les portes fermées à la science. »