
Après avoir captivé l’attention au Vietnam par ses marches ascétiques, Thich Minh Tue, moine bouddhiste indépendant, a été contraint d’interrompre son pèlerinage au Sri Lanka et de quitter précipitamment l’île, ont confirmé plusieurs sources proches du dossier.
Arrivé au Sri Lanka après avoir traversé le Laos, la Thaïlande et la Malaisie, le moine souhaitait rejoindre l’Inde à pied pour atteindre Bodh Gaya, lieu de l’illumination du Bouddha. Mais son chemin a été stoppé net la semaine dernière. Les autorités sri-lankaises, alertées par une lettre de la hiérarchie bouddhiste officielle vietnamienne, l’ont empêché de poursuivre son périple, l’accusant de « perturber l’ordre public » et d’être à l’origine d’un « mouvement dissident ».
Refugié dans un temple près de Colombo avec ses accompagnateurs, Thich Minh Tue n’a reçu l’autorisation que de recevoir des offrandes, sans pouvoir reprendre la route. Face à l’impasse, il a décidé de quitter immédiatement le pays.
La trajectoire de Thich Minh Tue illustre la complexité des relations entre pratiques religieuses populaires et cadres institutionnels stricts, notamment au Vietnam, où les autorités encadrent étroitement les activités spirituelles. Adulé pour son mode de vie simple et son indépendance, le moine s’est attiré la méfiance du pouvoir, inquiet de l’émergence de figures charismatiques échappant aux structures officielles.
Parti il y a quatre mois pour un périple de plus de 2 700 kilomètres, il avait dû renoncer à traverser le Myanmar en raison du conflit civil, avant de se réorienter vers le Sri Lanka. Là encore, la politique locale et les pressions diplomatiques l’ont rattrapé, l’obligeant à renoncer à son projet initial de traverser l’île jusqu’au port de Jaffna.
Malgré ces revers, Thich Minh Tue reste déterminé à achever son pèlerinage. « Ils ne nous ont pas donné le feu vert pour reprendre la marche », a confié un proche lors d’une retransmission en direct sur YouTube. Cette fois, ce sera par avion qu’il atteindra l’Inde, avant de retrouver la terre où Siddhartha Gautama devint Bouddha.
Dans un contexte régional marqué par la surveillance des pratiques religieuses autonomes, l’histoire de Thich Minh Tue rappelle que, pour certains pèlerins, la quête spirituelle doit aussi franchir les frontières politiques.