Mercredi dernier, une décision judiciaire a ravivé les tensions religieuses en Inde alors que des prêtres hindous ont été autorisés à reprendre les rituels d’adoration dans les sous-sols d’une mosquée emblématique à Bénarès, l’une des sept villes sacrées du pays. Cette décision, survenue à quelques mois des élections d’avril, s’inscrit dans le cadre de la politique nationaliste et religieuse du Premier ministre Narendra Modi.
Le culte hindou n’avait pas été pratiqué dans cette mosquée depuis plus de trois décennies. Aux premières lueurs du jeudi 1er février, deux prêtres hindous ont pénétré dans les caves de la mosquée Gyanvapi à Bénarès, dans l’État de l’Uttar Pradesh, après qu’un tribunal local ait rétabli le droit d’effectuer les rituels cinq fois par jour. Cette décision a suscité des réactions mitigées, une ONG de défense des musulmans exprimant sa surprise et sa déception, dénonçant un jugement infondé.
La mosquée Gyanvapi, depuis longtemps dans le viseur des autorités et des extrémistes hindous, est au cœur d’une querelle historique. Certains estiment qu’elle a été érigée sur les ruines d’un temple dédié au dieu Shiva et réclament sa destruction pour restituer le site au culte hindou. Cette controverse s’inscrit dans un contexte plus large où la politique identitaire et religieuse prend de l’ampleur, comme en témoigne l’inauguration récente du temple géant de Ram à Ayodhya.
La présence policière a été renforcée autour de la mosquée Gyanvapi, tandis que le grand mufti de Bénarès a lancé des appels à la paix face à une situation tendue. Cependant, la semaine dernière, une mosquée vieille de 600 ans à New Delhi a été détruite sans notification préalable, soulignant les tensions croissantes à l’approche des élections législatives.
Selon les experts, ces événements ne sont pas isolés mais plutôt le symptôme d’une stratégie politique visant à galvaniser la base nationaliste hindoue. La Cour Suprême, traditionnellement garante de la laïcité en Inde, semble désormais complaisante envers les actions du BJP (le Bharatiya Janata Party ou « parti indien du peuple ») au pouvoir, renforçant ainsi l’impunité des nationalistes hindous.
Cette série de décisions judiciaires risque de polariser davantage la société indienne, au détriment des autres cultes et de l’unité nationale. Alors que les élections approchent, le pays semble pris dans un tourbillon d’identité religieuse et de politique, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la cohésion sociale.
Commentaires 3