En Inde, la Haute Cour de Delhi, le 30 mai 2025, a confirmé la décision de radier de l’armée indienne un lieutenant chrétien, Samuel Kamalesan, pour avoir refusé de participer aux défilés religieux hebdomadaires organisés dans son régiment, en invoquant sa foi.
Kamalesan, engagé en 2017 dans le 3ᵉ régiment de cavalerie, composé d’unités majoritairement sikhs, jat ou rajputs, avait accepté d’assister aux cérémonies civiles autour de temples hindous et de gurdwaras sikhs. Mais il en avait refusé l’accès au sanctuaire intérieur pour la puja — les rites sacrés — jugeant que cela entrait en contradiction avec ses convictions chrétiennes monothéistes. Il avait alors introduit une demande pour obtenir dans le régiment un « Sarv Dharm Sthal », un lieu de prière interreligieux.
L’armée a estimé que ces cérémonies participaient à l’esprit de corps, à la motivation et à la solidarité du régiment — des éléments cruciaux en temps de guerre. Le commandement les revendique comme des ordres légaux inhérents au statut militaire.
La Haute Cour, par la voix de la division bench (Justices Navin Chawla et Shalinder Kaur), a jugé que refuser un ordre émanant d’un supérieur hiérarchique — même pour des motifs religieux — constitue un acte d’indiscipline grave. Dans une institution où l’unité repose sur la répétition de rites communs, la désobéissance est considérée comme susceptible de miner la cohésion et la motivation des troupes.
La cour précise que cette décision ne constitue pas un manquement au principe de laïcité militaire : les chants de guerre ou les traditions à consonance religieuse n’ont, selon elle, qu’un rôle purement motivationnel.
Où situer la limite entre exercice de la liberté religieuse et exigence de discipline militaire ? Kamalesan n’a pas refusé toutes les manifestations religieuses : il s’est toujours présenté à l’extérieur des cérémonies, montrant son respect tout en affirmant sa foi chrétienne. Mais selon la cour, cette posture est incompatible avec ses fonctions de chef de troupe, appelé à montrer l’exemple.
La sentence de la cour — maintien de la radiation, annulation de toute pension ou prime — envoie un signal clair : dans l’armée indienne, l’obligation hiérarchique prime sur l’accommodement religieux, sous peine de sanction irréversible. Ce cas pourrait éveiller l’attention des juridictions internationales des droits de l’Homme et des ONG de défense religieuse, sur la question de la liberté de conscience dans l’armée.