Des voix juives influentes et des étudiants ont conjointement sollicité l’administration Biden pour la création d’un système de suivi des plaintes liées à l’antisémitisme sur les campus universitaires, conformément au Titre VI de la Loi sur les droits civiques. Ils ont pressé le Département de l’Éducation à instaurer un dispositif national de signalement à tolérance zéro, encadrant la mise en œuvre des mesures antidiscriminatoires du Titre VI par le Bureau des droits civils, et établissant un processus national de traitement des doléances.
Le rabbin David Markowitz, vice-président exécutif de l’organisation OLAMI dédiée à l’identité juive, est à l’origine de cette initiative. Il a souligné le constat récurrent selon lequel de nombreux étudiants déposaient divers rapports et plaintes dans les universités et autres instances, sans ressentir de soutien, d’écoute ou de réponse satisfaisante.
Un exemple marquant est celui de Shabbos Kestenbaum, étudiant diplômé de la Harvard Divinity School, dont les 40 courriels adressés au groupe de travail sur l’antisémitisme de Harvard sont demeurés sans réponse. Le rabbin Markowitz a ainsi dénoncé les lacunes potentielles des mécanismes actuels, plaidant pour plus de transparence.
Selon lui, l’instauration d’un système formel de suivi des plaintes antisémites permettrait au Département de l’Éducation de mieux faire respecter la loi. « En rendant les universités redevables devant le Bureau des droits civils, nous garantissons transparence et responsabilité », a-t-il affirmé. Un tel système clarifierait les démarches et garantirait un suivi adéquat des plaintes soumises.
Les rapports faisant état d’agressions verbales et physiques contre les juifs aux États-Unis ont fortement augmenté depuis l’incident du 7 octobre dans le sud d’Israël impliquant le groupe militant Hamas. Le Comité juif américain a révélé le mois dernier que 63 % des juifs américains se sentaient « moins en sécurité qu’il y a un an », avec 4 étudiants sur 10 ayant été victimes d’antisémitisme sur les campus.
Logan Swerdloff, étudiante de 20 ans en économie à l’université de l’État de New York à Binghamton, a témoigné de son choc face à des réactions virulentes de partisans pro-palestiniens après le 7 octobre. Elle a dû changer son nom sur les réseaux sociaux après avoir exprimé un point de vue pro-israélien, subissant des menaces et des messages haineux.
La représentante Nancy Mace, républicaine de Caroline du Sud, a exprimé son soutien à la mise en place d’un tel mécanisme de suivi. Elle a souligné la nécessité d’actions concrètes pour contrer l’antisémitisme et la haine anti-juive, plutôt que de simples déclarations. Mme Mace a exhorté l’enseignement supérieur à adopter une politique de tolérance zéro envers l’antisémitisme.
Dans une lettre adressée au secrétaire d’État à l’Éducation, Miguel Cardona, elle a insisté sur « le soutien inconditionnel aux étudiants juifs pour qu’ils puissent étudier et vivre sans crainte ».