La Bhagavad-Gita se distingue parmi les textes de la littérature hindoue en tant qu’œuvre la plus célèbre. Souvent comparée à la Bible de l’hindouisme, cette composition poétique en dix-huit chapitres et sept cents versets fut le premier texte traduit du sanskrit vers une langue européenne, avec la version anglaise de Charles Wilkins en 1785.
Écrite aux alentours du IIIe siècle avant notre ère, la Bhagavad-Gita est reconnue par la tradition comme faisant partie des Upanishad, des textes philosophiques qui constituent la base théorique de la religion hindoue. Elle a rapidement acquis le statut de texte « révélé ».
Au sein de l’épopée monumentale du Mahabharata (une ancienne épopée indienne, somme de concepts religieux et philosophiques des légendes et traditions historiques, des règles morales et juridiques de l’hindouisme) , la Bhagavad-Gita prend la forme d’un dialogue entre le dieu Krishna et le guerrier Arjuna, alors que ce dernier s’apprête à déclencher une immense bataille fratricide qui emportera la vie de nombreux membres de sa famille, ainsi que celle de ses alliés et rivaux. Par ses paroles, Krishna guide Arjuna vers la voie du renoncement, du yoga et du détachement dans l’action, une voie possible uniquement par la maîtrise des sens.
Le récit repose sur le dialogue entre Krishna et Arjuna, enseignant que malgré les différents chemins spirituels, leur but ultime demeure le même : atteindre la réalisation du Brahman et échapper au cycle des renaissances grâce à la compréhension du Soi.
Krishna éduque Arjuna sur une multitude de sujets, commençant par la résolution du dilemme d’Arjuna concernant la réincarnation, démontrant ainsi que les vies perdues dans la bataille ne sont pas véritablement perdues. Il aborde également divers yogas ou chemins de dévotion, et révèle dans le onzième chapitre qu’Arjuna est en réalité une incarnation du dieu Vishnou.
L’enseignement du renoncement ou du détachement des fruits de l’action revêt une importance particulière, sans pour autant encourager l’inaction ; chaque individu est appelé, selon sa nature, à remplir son devoir personnel.
Extrait :
Quand un homme ne s’attache pas aux objets des sens ni aux oeuvres, et quil a renoncé, en son mental, à toute volonté de désir, on dit qu’alors il est monté ausommet du yoga.
Tel est l’esprit dans lequel l’homme libéré fait les oeuvres ; il les fait sans désir ni attachement, sans cette volonté personnelle égoïste et cette recherche mentale qui engendrent le désir. Il a conquis son moi inférieur, atteint le calme parfait dans lequel son Moi suprême se manifeste en lui, ce Moi suprême toujours concentré dans son être propre, (…) non seulement dans l’extase de la conscience dirigée vers l’intérieur, mais constamment, dans l’état éveillé du mental, exposé aux causes du désir et de trouble, au chagrin et au plaisir, au chaud et au froid, à l’honneur et à la disgrâce, à toutes les dualités.