Le 29 juillet 2025, une initiative remarquable menée par une organisation catholique au Nigeria a été rapportée : la Carmelite Prisoners’ Interest Organization (CAPIO), fondée en 1992 par les Frères Carmes Déchaux. Cette organisation s’engage activement à répondre aux besoins de santé des détenus dans les centres correctionnels nigérians, où les conditions sanitaires sont souvent précaires et les soins médicaux insuffisants.
Au Nigeria, le système pénitentiaire est confronté à des défis majeurs, notamment la surpopulation carcérale, le manque d’infrastructures adéquates et l’absence de soins médicaux appropriés. Selon le World Prison Brief, le pays compte plus de 81 000 détenus, souvent entassés dans des établissements surpeuplés où l’accès aux soins de santé est limité. Cette situation a conduit à des épidémies de maladies infectieuses, telles que la tuberculose, le VIH/SIDA et le paludisme, qui se propagent rapidement en raison des conditions insalubres.
Face à cette réalité, CAPIO intervient régulièrement dans les centres pénitentiaires pour fournir des soins médicaux gratuits aux détenus. Ces missions incluent des consultations générales, des soins ophtalmologiques, des tests de vision, des conseils en santé mentale, la distribution de médicaments et des séances d’éducation à l’hygiène. Le personnel médical de CAPIO, composé de médecins, pharmaciens, infirmiers et autres professionnels de santé bénévoles, se rend dans les établissements tous les deux à trois mois pour apporter une aide directe aux prisonniers.
L’une des histoires poignantes rapportées par Religion Unplugged est celle de James Chukwu, un détenu du Centre de détention d’Enugu. En septembre dernier, Chukwu a signalé une douleur à l’œil droit aux autorités pénitentiaires, mais n’a reçu une consultation qu’en mars de l’année suivante, soit six mois plus tard. Le spécialiste a diagnostiqué une cataracte et a recommandé un traitement en dehors du centre, mais Chukwu n’avait pas les moyens financiers pour se rendre à l’hôpital. Sans autre option, il s’est tourné vers CAPIO, qui lui a fourni des médicaments gratuits et des soins appropriés. Cette intervention a significativement amélioré son état de santé et a souligné l’importance de l’engagement de CAPIO auprès des détenus.
Le Père Jude Isiguzo, directeur exécutif de CAPIO, souligne que les détenus devraient avoir droit à des soins médicaux gratuits. Cependant, dans de nombreux établissements pénitentiaires, même des médicaments de base comme le paracétamol sont vendus aux prisonniers, qui n’ont souvent pas les moyens de les acheter. Cette situation entraîne des souffrances inutiles et des décès évitables parmi les détenus.
L’engagement de CAPIO va au-delà des soins médicaux. L’organisation offre également des services juridiques, de réhabilitation sociale et de plaidoyer pour les droits des détenus. Elle milite pour des réformes du système pénitentiaire nigérian, afin d’assurer des conditions de détention humaines et le respect des droits fondamentaux des prisonniers.
Cette initiative met en lumière le rôle crucial que peuvent jouer les organisations religieuses dans la promotion de la justice sociale et des droits de l’homme. Dans un contexte où les institutions étatiques peinent à répondre aux besoins fondamentaux des détenus, des organisations comme CAPIO comblent un vide essentiel en offrant des services vitaux aux plus vulnérables.
L’action de CAPIO est un exemple inspirant de solidarité chrétienne et de service envers les marginalisés. Elle rappelle que la foi peut être un puissant moteur de changement social, en particulier dans des contextes où les institutions publiques sont défaillantes. En soutenant les détenus, souvent oubliés de tous, CAPIO incarne les enseignements du Christ sur la compassion, la dignité humaine et la justice.
Alors que le Nigeria continue de lutter contre les défis liés à son système pénitentiaire, l’exemple de CAPIO offre une lueur d’espoir et un modèle d’engagement chrétien envers les plus démunis. Il est impératif que d’autres organisations, tant religieuses que laïques, s’inspirent de cette initiative pour promouvoir des réformes durables et respectueuses des droits de l’homme dans les prisons nigérianes.