Les réactions internationales à la loi indienne sur la citoyenneté fondée sur la religion ont suscité des inquiétudes à la fois aux États-Unis et au sein de l’ONU, mettant en lumière les préoccupations croissantes concernant la discrimination potentielle et les violations des droits de l’homme.
Le gouvernement américain ainsi que les Nations unies ont exprimé publiquement leurs inquiétudes quant à la loi controversée sur la citoyenneté basée sur la religion en Inde. L’ONU a qualifié cette législation de « fondamentalement discriminatoire par nature », soulignant ainsi les graves préoccupations concernant les implications de cette loi sur les droits des minorités religieuses.
Cette loi, adoptée en 2019 et récemment mise en œuvre par le gouvernement indien, a été fortement critiquée par les défenseurs des droits de l’homme, notamment Human Rights Watch et Amnesty International, qui soulignent qu’elle crée une discrimination à l’encontre des musulmans. En effet, cette législation facilite l’obtention de la citoyenneté indienne pour les réfugiés non musulmans en provenance de trois nations d’Asie du Sud majoritairement musulmanes : l’Afghanistan, le Pakistan et le Bangladesh.
Cependant, les critiques soulignent que la loi exclut certains groupes minoritaires musulmans, tels que les musulmans chiites de ces pays, tout en ignorant également les minorités musulmanes dans des pays voisins comme les Rohingyas au Myanmar. Cette sélection sélective a été au cœur des préoccupations exprimées par les organismes internationaux et les défenseurs des droits de l’homme, qui estiment que cela va à l’encontre des normes internationales en matière de droits de l’homme.
Les réactions des États-Unis et de l’ONU ont été rapides et directes. Un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré que la loi indienne sur la citoyenneté est « fondamentalement discriminatoire par nature » et que cela va à l’encontre des obligations internationales de l’Inde en matière de droits de l’homme. Le bureau a également indiqué qu’il examinait attentivement si les règles de mise en œuvre de la loi étaient conformes au droit international des droits de l’homme.
De manière similaire, les États-Unis ont exprimé leurs réserves concernant la loi, soulignant l’importance du respect de la liberté religieuse et de l’égalité de traitement devant la loi pour toutes les communautés. Ces déclarations reflètent les préoccupations mondiales croissantes concernant les politiques qui pourraient discriminer les minorités religieuses et violer les principes fondamentaux des droits de l’homme et de la démocratie.
Les militants des droits de l’homme ont également mis en garde contre les conséquences potentielles de cette loi, en particulier en lien avec un projet de registre national des citoyens. Ils craignent que cela ne conduise à la discrimination à l’égard des quelque 200 millions de musulmans en Inde, la troisième population musulmane la plus importante au monde. Les préoccupations se concentrent sur la possibilité que le gouvernement révoque la citoyenneté des musulmans sans papiers dans certaines régions frontalières, ce qui pourrait avoir des répercussions humanitaires majeures.
Le gouvernement indien dirigé par Narendra Modi, affilié au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), défend la loi en affirmant qu’elle est nécessaire pour protéger les minorités religieuses persécutées dans les pays voisins à majorité musulmane. Cependant, les critiques continuent de soutenir que cela crée une distinction discriminatoire et que les événements passés, tels que les violences sectaires à New Delhi en 2019, soulignent les risques potentiels de cette approche.
L’ambassade de l’Inde à Washington a tenté de clarifier la position du gouvernement indien en soulignant que la procédure normale de demande de citoyenneté indienne reste ouverte à tous, indépendamment de leur nationalité, de leur communauté ou de leur foi. Cependant, les groupes de défense des droits de l’homme insistent sur le fait que les actions passées du gouvernement, telles que la révocation du statut spécial du Cachemire à majorité musulmane, jettent un doute sur ces affirmations.
Les tensions persistent entre les arguments du gouvernement Modi sur le bénéfice général de ses politiques pour tous les Indiens et les préoccupations internationales et nationales concernant les droits des minorités religieuses. Les défenseurs des droits de l’homme continuent de plaider pour une approche équitable et non discriminatoire, soulignant que la protection des droits de tous les citoyens, quelles que soient leur religion ou leur origine, est essentielle pour garantir une société juste et démocratique.