Jeudi 17 juillet 2025, dans la ville de Nagasaki, au Japon, un geste symbolique a mis un point d’orgue à la reconstruction spirituelle d’un lieu martyrisé par l’horreur nucléaire. À l’Urakami Cathedral, jadis amputée de sa plus petite cloche par l’explosion du 9 août 1945, a été inaugurée la « St. Kateri Bell of Hope ». Cette nouvelle cloche, offerte par un groupe américain et bénie par l’archevêque Peter Michiaki Nakamura, a été présentée à une centaine de fidèles et d’invités. Elle sera installée dans le clocher le 9 août prochain – jour anniversaire du bombardement atomique.
Détruite il y a soixante-dix-neuf ans, la cloche originelle, la plus petite des deux, symbolisait pourtant l’espérance et la foi des catholiques de Nagasaki. Son absence, depuis la reconstitution de la cathédrale achevée antérieurement, constituait une plaie non refermée dans le cœur de la communauté catholique locale.
La renaissance sonore de cette cloche est le fruit de l’initiative de James Nolan Jr., professeur de sociologie à Williams College (Massachusetts). Lors d’une visite à Nagasaki en 2023, où il avait donné une conférence sur les retombées humaines et spirituelles du bombardement, Nolan a entendu parler de cette cloche disparue. Ému, il a lancé un appel aux dons pour en financer la reproduction. Il confessait après la cérémonie : « Je pense que c’est beau et que la cloche elle-même est plus belle que je ne l’imaginais. Elle sera un symbole d’unité, portant les fruits de l’espérance et de la paix dans un monde où règnent le partage, la guerre et la douleur. »
La figure discrète du Japon intervient également. Kojiro Moriuchi, disciple local et initiateur du dialogue avec Nolan, était présent lors du rituel de bénédiction. Il a effleuré la cloche, priant intérieurement et partageant son émotion : « Je suis tellement reconnaissant, j’espère que la cathédrale d’Urakami sera un lieu de rassemblement pour les amoureux de la paix du monde entier. »
L’histoire de cette cloche, enfin reconstituée, s’inscrit dans le long parcours de la résilience religieuse et humaine d’Urakami. Avant même le bombardement de 1945, ce quartier de Nagasaki était le cœur de la communauté catholique japonaise, qui avait enduré trois siècles de persécutions. En août 1945, l’explosion atomique tua plus de 70 000 personnes dans les minutes qui suivirent, dont deux prêtres et 24 paroissiens dans l’enceinte de la cathédrale. La reconstruction de l’édifice fut symboliquement achevée avec la restauration du bâtiment, mais l’absence de la plus petite cloche rappelait à chacun l’incomplétude de cette résurrection.
Par l’entremise de Nolan, petit-fils d’un médecin lié au Manhattan Project et auteur de Atomic Doctors, cette histoire touche désormais les consciences au‑delà d’un simple cadre local. Son geste n’est pas seulement culturel ou patrimonial ; il éclaire un chemin de réconciliation et de mémoire partagée. L’installation de la cloche le 9 août agira comme un socle sonore, un « appel universel à la paix », invitant chaque fidèle, civil, survivant, visiteur, à entendre l’espoir depuis un lieu qui connaît la tragédie intime et collective.
Ainsi se poursuit la fragile et nécessaire guérison d’Urakami.