Un récit poignant de l’horreur de l’Holocauste émerge à travers l’inauguration qui aura lieu dimanche du nouveau musée national néerlandais de l’Holocauste, où les histoires personnelles se mêlent à l’histoire collective pour rappeler les trois quarts des Juifs néerlandais qui ont été déportés et tués pendant la Seconde Guerre mondiale.
Parmi les témoignages émouvants se trouve celui de Flip Delmonte, emmené par la résistance néerlandaise alors qu’il était encore un nouveau-né, ses parents étant détenus par les nazis. Sa famille fait partie des 102 000 Juifs déportés des Pays-Bas et assassinés dans les camps de la mort nazis. Sa mère a trouvé la mort dès son arrivée à Auschwitz, tandis que son père, décrit comme « un homme fort », a été poussé au travail jusqu’à son dernier souffle.
À l’âge de 80 ans, M. Delmonte se tient fièrement lors de l’inauguration officielle du musée, tenant une photo de lui prise après la guerre. Sa présence et son témoignage rappellent avec force l’importance de se souvenir des victimes et des survivants. « Le peuple juif a été assassiné. Il y a des gens, des enfants qui ont survécu et nous ne pouvons pas les oublier. Nous devons nous souvenir d’eux à l’avenir », déclare-t-il avec émotion.
Ce musée, officiellement inauguré par le roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, se présente comme un lieu de mémoire et d’apprentissage. À travers des séquences vidéo, des photos, des maquettes et des artefacts, il raconte l’histoire des victimes néerlandaises de l’Holocauste, soulignant la tragédie vécue par les trois quarts des Juifs néerlandais d’avant-guerre, faisant d’eux la proportion la plus élevée de victimes juives en Europe.
La conservatrice en chef, Annemiek Gringold, a dirigé la conception du musée en veillant à ce qu’il ne soit pas seulement un lieu de commémoration, mais aussi un témoignage vivant des atrocités commises. Des images émouvantes, telles qu’un jeune garçon marchant parmi les cadavres à Bergen-Belsen après la libération du camp, occupent une place centrale dans les expositions.
Parmi les objets exposés se trouvent des souvenirs émouvants de vies brisées : une poupée, une robe orange fabriquée à partir de tissu de parachute, et une collection de dix boutons récupérés sur le site du camp de Sobibor. Chacun de ces objets raconte une histoire, rappelant la vie et la mort de ceux qui les ont possédés.
Mais au-delà des artefacts, le musée donne également une voix aux lois discriminatoires qui ont précédé les atrocités. Des centaines de textes de lois anti-juives promulguées par les occupants allemands, avec la collaboration de fonctionnaires néerlandais, tapissent les murs d’une salle, illustrant la déshumanisation systématique des Juifs avant leur déportation et leur extermination.
Situé dans le quartier juif historique d’Amsterdam, à proximité d’un mémorial inauguré en 2021 en hommage aux victimes néerlandaises de l’Holocauste, ce musée se pose comme un lieu de devoir de mémoire. Alors que la génération ayant survécu à la Shoah s’efface peu à peu, il devient d’autant plus crucial de préserver leur histoire et de rappeler les conséquences dévastatrices de l’antisémitisme.
En présentant ces témoignages, ces objets et ces lois discriminatoires, le musée national néerlandais de l’Holocauste s’efforce de faire revivre le passé pour mieux éclairer l’avenir, rappelant aux générations futures les dangers de l’indifférence et de la haine.