L’expansionnisme religieux dans les régions de Kherson et de Zaporizhzhia est devenu une préoccupation majeure alors que l’administration religieuse des musulmans de Crimée et de Sébastopol (RAMCS), associée à l’occupation, cherche à intégrer les communautés musulmanes dans ces zones occupées. Ayder Adjimambetov, secrétaire du mufti de l’occupation en Crimée et à Sébastopol, a levé le voile sur ce plan, selon les informations de Suspilne TV.
Actuellement, les communautés locales font l’objet d’un processus de réenregistrement conformément à la législation russe. À l’issue de cette procédure, elles auront la possibilité de choisir d’adhérer ou non à l’administration religieuse. L’Ukraine n’a pas encore officiellement réagi à ces manœuvres.
Pour comprendre le contexte, il est crucial de retracer l’histoire de la reconstruction des institutions religieuses après le retour des Tatars de Crimée, qui avaient été détruites pendant l’occupation soviétique. En 1991, le Qadisat, également connu sous le nom d’administration religieuse des musulmans de Crimée, a été établi.
Pendant l’occupation russe de la Crimée, Emirali Ablaiev occupait le poste de mufti. Après 2014, il s’est rallié aux occupants et assume désormais la fonction de mufti au sein de l' »Organisation religieuse centralisée – Administration spirituelle des musulmans de la République de Crimée » (RAMCS). En février 2023, le Service de sécurité de l’Ukraine (SBU) a exprimé ses soupçons à l’encontre d’Ablaiev.
Said Ismagilov, ancien mufti de l’administration religieuse des musulmans « Ummah », a souligné à maintes reprises que tous les muftis en Russie et dans les territoires ukrainiens occupés étaient sous le contrôle du FSB.
Après l’occupation de la Crimée, de nombreux musulmans se sont réinstallés dans des villes du continent ukrainien, formant ainsi des communautés musulmanes dans des zones de résidence compacte. En 2016, avec un retard de deux ans, le RAMCS a recommencé ses activités sur le territoire ukrainien.
En parallèle, en février 2015, l’administration religieuse des musulmans de Crimée a été enregistrée dans le domaine juridique russe sous le nom d’administration religieuse des musulmans de Crimée et de Sébastopol (RAMCS). En juin 2016, Ablaiev a déclaré qu’aucune autre organisation islamique ne serait autorisée à opérer sur la péninsule, à l’exception de l’administration religieuse des musulmans de Crimée et de Sébastopol.
Ces développements soulèvent des questions cruciales quant à la souveraineté religieuse et territoriale. L’intention de l’administration religieuse associée à l’occupation d’étendre son emprise sur les communautés musulmanes dans les régions de Kherson et de Zaporizhzhia révèle une stratégie visant à consolider son influence dans des zones stratégiques.
La récente révélation du plan par Ayder Adjimambetov met en lumière les efforts déployés pour intégrer ces communautés dans la sphère d’influence de l’administration religieuse, mettant ainsi en péril la diversité religieuse et culturelle de ces régions.
Le processus de réenregistrement des communautés locales selon la législation russe soulève des inquiétudes quant à une possible manipulation politique et religieuse visant à affaiblir les liens historiques et culturels des communautés musulmanes avec l’Ukraine.
L’absence de réponse officielle de la part de l’Ukraine à ces manœuvres soulève également des interrogations sur les mesures prises pour contrer cette ingérence et protéger les droits religieux et culturels des communautés musulmanes dans ces régions.
La situation révèle également les défis persistants auxquels est confrontée la communauté musulmane en Ukraine, en particulier dans les zones affectées par l’occupation et les tensions géopolitiques.
Dans ce contexte, il est crucial pour les autorités ukrainiennes de prendre des mesures décisives pour protéger la souveraineté religieuse et territoriale, ainsi que les droits des communautés musulmanes dans ces régions. Cela nécessitera une réponse politique, juridique et diplomatique concertée pour contrer toute tentative visant à manipuler les affiliations religieuses des communautés locales.
La tentative d’annexion des communautés musulmanes dans les régions de Kherson et de Zaporizhzhia par l’administration religieuse associée à l’occupation représente un défi majeur pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi que pour la diversité religieuse et culturelle dans la région.