La lignée des dalaï-lamas est la principale lignée de réincarnation dans le bouddhisme tibétain et dans l’histoire du Tibet. Les fidèles reconnaissent le dalaï-lama comme une émanation du bodhisattva de la compassion (un bodhisatva est celui qui a formé le vœu de suivre le chemin indiqué par le bouddha et respecte strictement les disciplines bouddhistes, pour aider d’abord les autres êtres sensibles à s’éveiller, retardant sa propre libération par compassion). En plus de son autorité spirituelle, le dalaï-lama a exercé le pouvoir temporel à la tête du gouvernement tibétain de la période Ganden Phodrang (1642-1959), établi par le 5e dalaï-lama du XVIIe siècle au milieu du XXe siècle, dans le cadre d’une théocratie.
Les dalaï-lamas sont considérés comme les réincarnations successives du premier dalaï-lama, Gedun Drub (1391-1474).
Depuis 1935, le 14e dalaï-lama est Tenzin Gyatso, moine bouddhiste de l’école gelugpa (l’une des 4 principales écoles bouddhistes du Tibet). Il a été intronisé chef temporel et spirituel des Tibétains le 17 novembre 1950, après l’intervention de l’armée chinoise au Tibet. En 1959, il s’exile en Inde et fonde le gouvernement tibétain en exil, qu’il dirige jusqu’en mars 2011, date de sa retraite politique en faveur d’une démocratie tibétaine. Actuellement basé à Dharamsala, il est considéré comme le principal chef spirituel du bouddhisme tibétain et une émanation du bodhisattva de la compassion. Il a plaidé pour l’indépendance du Tibet jusqu’en 1973, puis pour ce qu’il appelle l’« autonomie réelle » du Tibet au sein de la Chine.
Le titre de Dalaï Lama a été donné le 15 mai 1578 par le dirigeant mongol Altan Khan à Sonam Gyatso, 3e de sa lignée de réincarnation, lors de leur rencontre près de la frontière mongolo-tibétaine au monastère de Thegchen Chonkhor. Le mot « Dalaï » signifie rassemblement de grandes quantités d’eau collectées en masse, symbolisant le leadership de Sonam Gyatso sur toutes les écoles du bouddhisme tibétain. Un lama est un moine ou un prêtre bouddhiste, particulièrement au Tibet et en Mongolie, qui se distingue par sa sagesse et son enseignement.
Sur le plan spirituel, les dalaï-lamas sont vus par les bouddhistes tibétains comme des émanations du bodhisattva de la compassion.
Le 14e dalaï-lama a annoncé le 10 mars 2011 son intention de renoncer à sa fonction de chef du gouvernement tibétain en exil, estimant que le moment était venu pour une transition vers un nouveau dirigeant « librement élu ». Il a demandé au Parlement tibétain en exil un amendement constitutionnel pour formaliser sa retraite politique, considérant que l’institution des dalaï-lamas était obsolète et devait céder la place à la démocratie.
Le 7 septembre 2014, il a officiellement déclaré qu’il serait le dernier de la lignée des dalaï-lamas, soulignant que l’importance de l’institution résidait principalement dans son pouvoir politique. Le gouvernement chinois a contesté cette décision, affirmant qu’elle visait à contrer ses efforts pour récupérer cette fonction. On notera l’ironie de la réaction du gouvernement chinois, athée par principe mais qui revendique le droit de pouvoir décider qui seront les réincarnations des chefs spirituels tibétains.