Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a critiqué fermement l’initiative de Gérald Darmanin concernant le « statut de l’imam en France », dénonçant une intrusion dans les affaires religieuses. Alors que le ministre de l’Intérieur appelait à une meilleure organisation de la deuxième religion du pays, certains représentants musulmans ont exprimé leur mécontentement.
Gérald Darmanin a annoncé lors de la seconde session du Forum pour l’islam de France (Forif) qu’un statut officiel pour les imams serait établi d’ici la fin de l’année, demandant sa création dans un délai de six mois. Contrairement à d’autres figures religieuses telles que les prêtres, pasteurs ou rabbins, les imams ne sont pas tenus de suivre un cursus religieux spécifique. Dans un pays laïque comme la France, le ministre a souligné que la définition du statut religieux des imams revient aux musulmans eux-mêmes. Il a proposé que les imams en France soient tous employés et rémunérés par leurs lieux de culte, plutôt que par des organisations extérieures souvent liées à des pays étrangers, et qu’ils aient suivi une formation universitaire en France incluant des enseignements sur la laïcité et le fait religieux.
Cette initiative, lancée en février 2022 dans la lignée du discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux en 2020, vise à lutter contre l’islam radical. Le Forif, constitué de six groupes de travail, se penche sur divers sujets et devait initialement se réunir annuellement. Cependant, malgré un accord sur le fond, Abdallah Zekri, vice-président du CFCM, critique la démarche de Darmanin, estimant qu’elle représente une ingérence dans les affaires religieuses. Il souligne le désir de gestion autonome des mosquées mais rejette toute intervention dans le culte. Ce désaccord met en lumière un conflit de légitimité entre le Forif, composé d’acteurs de terrain désignés par les préfets, et le CFCM, paralysé par des dissensions internes mais cherchant à se relancer en élisant de nouveaux représentants.
La question de la structuration de l’islam en France est un défi de longue date, entravé par des rivalités entre différentes nationalités et des enjeux politiques. Pour mettre fin à ce que les autorités qualifient d' »islam consulaire », les pouvoirs publics ont interdit depuis janvier l’arrivée d' »imams détachés » par des pays comme le Maroc, l’Algérie et la Turquie, concernant environ 300 personnes.