Le dernier rapport annuel de CSW (Christian Solidarity Worldwide) sur la situation de la liberté de religion ou de conviction (FoRB) à Cuba, publié le 14 mars 2024, dénonce un retour aux tactiques de répression dures de la part du gouvernement, visant à consolider son contrôle sur la société civile indépendante, y compris les groupes religieux.
En 2023, le nombre de violations documentées de la liberté de religion ou de conviction est resté relativement stable, avec 622 cas enregistrés, légèrement inférieur aux 657 cas de l’année précédente mais toujours bien au-dessus des 272 cas enregistrés en 2021. Cette persistance de la répression est étroitement liée aux efforts du gouvernement visant à réaffirmer son autorité après les manifestations nationales de juillet 2021. Les groupes religieux, qu’ils soient enregistrés ou non, continuent de subir des violations des droits de l’homme, touchant diverses communautés telles que les Afro-Cubains, les Témoins de Jéhovah, les juifs, les protestants et les catholiques romains.
Les groupes religieux non enregistrés demeurent particulièrement vulnérables. Les chrétiens protestants et les leaders des groupes religieux afro-cubains indépendants font face à des harcèlements constants, à des menaces et à des interruptions fréquentes de leurs activités religieuses par les autorités gouvernementales. La plupart de ces leaders soulignent qu’ils ne choisissent pas d’opérer dans l’illégalité, mais le refus persistant du gouvernement de reconnaître leurs demandes d’enregistrement et de désignation de lieux de culte autorisés les maintient dans une situation précaire.
Les adultes et les enfants associés à des groupes religieux enregistrés ou non font régulièrement l’objet de discriminations en raison de leurs croyances religieuses. Des adultes ont été licenciés ou rétrogradés au travail en raison de leur affiliation religieuse, qualifiée de « contre-révolutionnaire » par le gouvernement. Les enfants, notamment les chrétiens protestants et les Témoins de Jéhovah, ont été victimes de violences verbales, psychologiques et physiques à l’école pour avoir refusé de participer à des activités « patriotiques » en conflit avec leurs convictions religieuses.
Les prisonniers politiques, ainsi que leurs familles et les leaders religieux qui les soutiennent, sont particulièrement ciblés. Les prisonniers politiques se voient souvent refuser l’accès à des textes religieux ou à des visites de leaders religieux, en violation des normes internationales telles que les règles Nelson Mandela sur le traitement des détenus politiques. Les leaders religieux qui continuent de soutenir les familles des prisonniers politiques sont harcelés et menacés par les autorités.
Parmi les prisonniers politiques se trouvent plusieurs leaders religieux emprisonnés lors des manifestations de juillet 2021, dont le pasteur protestant Lorenzo Rosales Fajardo et les leaders religieux afro-cubains Loreto Hernández García et Donaida Perez Paseiro. Ces personnes rapportent des violations continues de leurs droits religieux et humains en détention.
Anna Lee Stangl, responsable du plaidoyer chez CSW, souligne l’urgence pour la communauté internationale de s’opposer à ces violations persistantes des droits de l’homme à Cuba. Elle appelle à un soutien accru de la société civile indépendante sur l’île et exprime sa solidarité envers les défenseurs des droits de l’homme et les leaders religieux courageux qui continuent de dénoncer ces violations malgré les risques encourus. Stangl met en garde contre l’évolution répressive du gouvernement cubain, soutenue par d’autres régimes répressifs tels que ceux de la Chine et de la Russie, soulignant la nécessité d’une réponse internationale vigoureuse face à cette situation.
Pour lire le rapport en anglais, cliquez ici.