Cette semaine, cinquante spécialistes européens des minorités religieuses se sont réunis à Pampelune, en Navarre, pour participer à une conférence internationale organisée par l’Université publique de Navarre (UPNA). L’objectif de cette rencontre était d’examiner en détail la situation juridique des confessions religieuses sans accord de coopération avec l’État en Espagne, exposant les défis et les discriminations auxquels ces groupes sont confrontés dans le pays.
Du mercredi 6 mars au vendredi 8 mars, les participants, provenant de sept pays européens (Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Roumanie), ont convergé vers l’ancien couvent de Las Salesas, actuellement le siège de la région de Pampelune, pour discuter des enjeux cruciaux liés à l’inclusion de la diversité religieuse dans la société espagnole contemporaine.
Le professeur Alejandro Torres Gutiérrez, enseignant à l’UPNA et organisateur de cet événement, a souligné les « importantes discriminations législatives » qui persistent à l’encontre des minorités religieuses en Espagne. Ces discriminations se manifestent de différentes manières, notamment dans l’accès aux avantages fiscaux et aux déductions pour les dons, ainsi que dans la difficulté pour ces groupes d’obtenir des terrains pour construire leurs lieux de culte ou des lieux d’inhumation appropriés, et de fournir une assistance religieuse à leurs fidèles.
Un point de tension majeur réside dans le fait que l’État espagnol a historiquement conclu des accords avec certaines confessions religieuses, mais pas avec d’autres. Initialement, des accords ont été signés avec le Saint-Siège en faveur de l’Église catholique. Plus tard, en 1992, des accords ont été conclus avec d’autres minorités religieuses reconnues à l’époque, telles que la Fédération des entités religieuses évangéliques, la Fédération des communautés israélites d’Espagne et la Commission islamique d’Espagne.
Cependant, de nombreuses autres confessions religieuses n’ont pas bénéficié de cette reconnaissance officielle. Parmi celles-ci, certaines ont obtenu une déclaration d' »enracinement » (notorio arraigo) ultérieurement, tandis que d’autres n’ont pas obtenu cette reconnaissance administrative supplémentaire. Ces distinctions engendrent des disparités en termes de droits et de traitement légal pour les différentes minorités religieuses présentes en Espagne.
Les participants à la conférence comprenaient des représentants des minorités religieuses concernées, des membres de l’administration espagnole et des chercheurs spécialisés dans la liberté de conscience et les questions religieuses. Des personnalités telles que Mercedes Murillo Muñoz, directrice générale de la liberté religieuse au ministère espagnol de la présidence, de la justice et des relations avec le parlement, ainsi que Inés Mazarrasa Steinkuhler, directrice de la fondation Pluralisme et coexistence, ont pris part à cet événement.
Parmi les confessions religieuses représentées figuraient l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, les Témoins de Jéhovah, la Fédération bouddhiste d’Espagne, l’Église orthodoxe roumaine, la Communauté bahá’íe, l’Église de scientologie, la Fédération hindoue d’Espagne et l’Union taoïste d’Espagne.
Cette conférence, financée par le vice-rectorat à la recherche de l’UPNA, l’institut I-COMMUNITAS, la fondation Pluralisme et coexistence, ainsi que le ministère espagnol de la science et de l’innovation, s’inscrit dans le cadre du projet Statut juridique des dénominations religieuses sans accord de coopération en Espagne. Les principaux chercheurs impliqués dans ce projet sont Alejandro Torres, professeur de droit constitutionnel à l’UPNA, et Óscar Celador Angón, professeur de droit ecclésiastique de l’État à l’université Carlos III de Madrid.
Cette rencontre scientifique revêt une importance particulière dans le contexte du projet EUROPIA, soutenu financièrement par l’Union européenne. L’objectif de ce projet est de mieux comprendre et d’analyser le statut juridique des minorités religieuses en Espagne qui n’ont pas conclu d’accord de coopération avec l’État, ainsi que les implications légales et sociales qui en découlent.