Depuis le 15 janvier 2024, l’emblématique Sainte-Sophie à Istanbul impose un tarif d’entrée de 25 euros pour les touristes étrangers, suscitant des réactions mitigées quant à cette nouvelle politique. La basilique byzantine, convertie en mosquée en 2020 sous la présidence d’Erdogan, était devenue un lieu gratuit et ouvert à tous. Cette décision récente vise à financer les travaux de restauration, mais elle soulève des questions délicates.
L’histoire mouvementée de Sainte-Sophie remonte à sa transformation en mosquée lors de la prise de Constantinople, puis en musée par Atatürk. En 2020, le président Erdogan a annoncé son retour au statut de mosquée, affirmant vouloir la « rendre aux musulmans turcs » et offrir un accès gratuit à tous. Cependant, la réalité a pris un tournant inattendu avec la mise en place d’une tarification pour les visiteurs étrangers.
Le tarif d’entrée de 25 euros vise à financer les travaux de restauration nécessaires pour préserver ce site historique. Les autorités craignent les dégradations constatées sur les portes en bois et le sol en marbre, attribuées à l’afflux massif de visiteurs depuis la transformation de Sainte-Sophie en mosquée. Ces dégradations ont alerté la direction du patrimoine, soulignant la nécessité de trouver des sources de financement supplémentaires.
La décision de rendre l’accès payant a suscité des critiques, notamment quant à la question délicate de distinguer les visiteurs des fidèles souhaitant prier. Deux entrées distinctes ont été mises en place, obligeant les touristes étrangers à emprunter la fontaine Ahmed III située derrière Sainte-Sophie. Le billet d’entrée inclura l’accès à la galerie supérieure, tandis que l’étage inférieur sera réservé à la mosquée et aux prières.
Cette division de l’espace entre les visiteurs et les fidèles soulève des interrogations sur la manière dont elle sera mise en œuvre. Les autorités assurent que cette séparation permettra aux deux groupes de profiter de l’édifice sans se gêner mutuellement. Cependant, la complexité de cette distinction suggère des défis potentiels, tant sur le plan logistique que sur le plan culturel.
Cette nouvelle politique intervient dans un contexte économique difficile, l’entretien de Sainte-Sophie pesant lourdement sur un État déjà en crise. Les partisans de cette décision soulignent la nécessité de préserver ce site historique, tandis que les opposants estiment qu’elle compromet l’idée d’un accès libre à un patrimoine culturel commun.