Dans un acte de répression religieuse flagrant, les autorités d’une ville à majorité musulmane du sud-ouest de la Chine ont entrepris la rénovation d’une mosquée populaire, y ajoutant des éléments de l’architecture traditionnelle chinoise ainsi que des slogans louant le parti communiste. Cette transformation radicale, malgré une forte opposition locale, soulève des inquiétudes quant à la liberté de culte et à la préservation de l’identité religieuse dans la région.
La mosquée historique de Najiaying, située dans la ville de Nagu, province du Yunnan, a été le théâtre de violents affrontements entre les habitants et les forces de l’ordre en mai dernier. Le dôme et les minarets, symboles de l’architecture islamique, ont été démolis, provoquant une vague d’indignation parmi la communauté musulmane locale.
Selon un rapport de Radio Free Asia (RFA) daté du 21 février, cette initiative controversée s’inscrit dans le cadre de la politique de « sinisation » des religions menée par le parti communiste chinois. Sous la présidence de Xi Jinping, cette politique a entraîné une répression généralisée des activités et des lieux religieux musulmans, chrétiens et bouddhistes tibétains depuis 2017.
La mosquée de Najiaying, principalement fréquentée par des musulmans Hui, avait récemment entrepris des travaux d’agrandissement, une décision jugée illégale par un tribunal local. Cette rénovation forcée s’inscrit dans une tendance nationale où les églises et les mosquées sont contraintes d’afficher des portraits de Xi Jinping et de se conformer aux normes du parti communiste, sous prétexte de promouvoir le patriotisme et l’amour de la nation.
Les autorités chinoises justifient désormais ces mesures en affirmant que le patriotisme fait partie intégrante de l’islam, selon les rapports de RFA. Cette interprétation tendancieuse de la religion vise à étouffer toute opposition et à renforcer le contrôle du parti communiste sur les pratiques religieuses.
Cet incident n’est pas un cas isolé. En octobre 2023, des musulmans à Hong Kong ont exprimé leur désapprobation lorsqu’un drapeau national chinois a été hissé lors des cérémonies à la mosquée de Kowloon, considérant cela comme une violation des principes islamiques de soumission à Dieu seul.
L’histoire de la mosquée de Najiaying témoigne d’une répression religieuse déguisée en politique de modernisation et d’uniformisation. Elle soulève également des questions cruciales sur les droits fondamentaux des minorités religieuses en Chine et sur la préservation de leur identité culturelle dans un paysage politique de plus en plus répressif.