Le dimanche 4 mai 2025, un message téléphonique anonyme a menacé de faire exploser la mosquée Al-Azhar, sise dans l’ancien quartier métissé de District Six à Cape Town, en Afrique du Sud. Transmise via un téléphone portable, cette « menace de bombe » a immédiatement été prise au sérieux par la South African Police Service (SAPS), qui a ouvert un dossier pour intimidation ; la municipalité a apporté son soutien opérationnel à l’enquête.
Selon plusieurs témoignages, la menace, formulée sans précision sur le type d’engin ni son emplacement exact, a été adressée dimanche soir au responsable de la mosquée – identifié par certains médias comme l’imam Ismail Keraan – depuis un profil en ligne contrefait localisé aux États-Unis, à Miami. Le message affirmait la volonté de cibler la communauté de fidèles et d’y causer des pertes humaines.
La police centrale du Cap a enregistré l’affaire comme un cas d’« intimidation » et mobilisé, sans intervention de déminage initiale, ses équipes cynophiles et l’unité spécialisée en gestion des risques de catastrophe. À ce stade, aucun engin n’a été retrouvé sur place et aucune arrestation n’a été effectuée.
Le maire de Cape Town, Geordin Hill-Lewis, a vigoureusement condamné cet « acte sinistre » portant atteinte aux « valeurs de paix, de tolérance et de liberté religieuse » de la ville. « Cape Town est une cité de gens amoureux de la paix, où les différences de foi et d’opinion s’expriment fort et pleinement, mais toujours pacifiquement », a-t-il déclaré, appelant à une « justice rapide » et à l’unité de tous les cultes.
Aux côtés du maire, l’adjoint chargé de la Sécurité, JP Smith, a détaillé la réponse municipale : mobilisation conjointe de l’Investigative Unit (SSIU), de l’unité canine (K9) et du service Disaster Risk Management, dans le cadre du projet « Safer Places of Worship » visant à davantage protéger les lieux de culte.
Plusieurs acteurs de la société civile se sont également prononcés : le parti confessionnel Al Jama-ah, par la voix de son dirigeant Ganief Hendricks, a estimé que cette menace « s’apparente à un soutien à l’entité sioniste », contraire au statut de Rome ; tandis que la Palestine Solidarity Campaign (PSC) a dénoncé un « tacticisme visant à faire taire les voix pro-palestiniennes ».
Du côté de la mosquée, le porte-parole Igshaan Higgens a confirmé le dépôt d’une plainte formelle et l’intensification des mesures de sécurité : contrôle renforcé à l’entrée, rondes accrues et appel solennel aux fidèles pour qu’ils signalent toute personne ou comportement suspect.
Cet épisode intervient dans un contexte où, en décembre 2024, un engin explosif avait déjà été lancé par-dessus le mur du Jewish Community Centre de Hatfield Street. Le maire Hill-Lewis a donc exhorté SAPS à donner la même priorité à ces deux enquêtes afin que les auteurs soient identifiés et traduits en justice.
Au-delà de l’acte isolé, la menace ravive la mémoire du District Six, démantelé sous l’apartheid : déclaré « zone réservée aux Blancs » en février 1966, il vit la déportation forcée de plus de 60 000 habitants, tandis que seules les maisons de culte furent, paradoxalement, épargnées lors des destructions ; la mosquée Al-Azhar, installée sur Hanover Street, reste l’un des rares témoins de ce patrimoine multiculturel.
Alors que l’enquête suit son cours, sans avancée notable vers des interpellations, autorités municipales, responsables religieux et communautés se disent déterminés à préserver la cohésion interconfessionnelle de Cape Town, fragile face à la résurgence d’actes de haine. La municipalité envisage de réunir prochainement un forum interreligieux pour renforcer la prévention et la vigilance citoyenne.