Au cours de l’automne 2021, l’Institut de Recherche sur l’Europe en Lorraine (IREL) a orchestré, les 7 et 8 octobre, une réunion de son réseau européen en collaboration avec le Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) pour tenir un colloque crucial sur la formation des cadres religieux musulmans en France et en Europe. Les fruits de cette rencontre ont été consignés dans le dernier numéro de la revue Eurostudia (volume 14, 1-2), édité sous la supervision de Sylvie Toscer-Angot, Philippe Gaudin, et Renaud Rochette. Dans leur introduction, les éditeurs soulignent que « l’interrogation sur la formation des cadres religieux musulmans en tant que politique publique en Europe est un révélateur, un analyseur de nouvelles pratiques, qui déstabilisent un ordre reçu et révèlent un sujet complexe à la croisée de logiques politiques, religieuses et éducatives. »
Pour aborder cette thématique complexe, il est essentiel de définir d’abord la notion de cadre religieux musulman, qui englobe une variété de rôles et de professions liées à l’Islam, à la pratique du culte, ou à l’enseignement de la religion. Cela inclut des professeurs de religion islamique, des imams, des aumôniers intervenant en milieu carcéral, ainsi que des gestionnaires d’associations et de lieux de culte islamiques. Des éclairages historiques et contemporains sont apportés par des chercheurs tels que Pierre Vermeren et Dominique Avon, mettant en lumière l’évolution de cette notion au fil du temps.
Ensuite, une comparaison entre les pays s’avère nécessaire, non seulement pour dresser un état des lieux à l’échelle européenne, mais aussi pour examiner les politiques, dynamiques transnationales, ou évolutions convergentes en matière de formation des cadres religieux musulmans. Des analyses spécifiques sont proposées pour la France, la Belgique, la Suisse, l’Espagne et l’Allemagne, mettant en évidence les diverses approches et défis rencontrés dans chaque contexte national.
Une constatation émerge de ces études : bien que l’existence d’un modèle de formation à l’échelle européenne ne soit pas envisageable, des points communs se dégagent quant à la prise en compte publique de la formation des cadres religieux musulmans. Notamment, une préoccupation majeure des autorités publiques est de garantir que ces formations ne soient pas soumises à des influences étrangères, marquant ainsi un changement de paradigme récent observé dans la plupart des États occidentaux.
L’examen de la formation des cadres religieux musulmans en Europe révèle un paysage complexe, où des enjeux politiques, religieux et éducatifs se croisent et où des défis communs sont rencontrés malgré les spécificités nationales. Ce dossier offre une perspective enrichissante sur une question essentielle dans le contexte contemporain de diversité religieuse et de laïcité en Europe.