Deux figures politiques françaises, Caroline Yadan, députée de la huitième circonscription des Français de l’étranger, et Aurore Bergé, ancienne ministre de l’Égalité des chances et membre de l’Assemblée nationale, ont récemment présenté une proposition de loi visant à sanctionner les formes contemporaines d’antisémitisme. Cette initiative a été cosignée par 90 autres députés, ainsi que par l’ancien président François Hollande.
Une définition élargie de l’antisémitisme
Le texte de loi propose de criminaliser certains comportements, notamment la glorification du terrorisme, la négation du droit à l’existence de l’État d’Israël, et les comparaisons entre les Juifs ou Israël et le nazisme. Caroline Yadan a expliqué que cette initiative visait à répondre à l’évolution de l’antisémitisme, qui s’exprime souvent de manière dissimulée dans le discours public. À titre d’exemple, elle souhaite que des slogans comme « De la rivière à la mer », souvent associés à des appels à l’éradication d’Israël, soient passibles de sanctions.
Lutte contre la haine en ligne
La proposition s’attaque également à la diffusion de symboles ou de propos haineux sur les réseaux sociaux. Caroline Yadan a cité des exemples comme l’affichage de drapeaux nazis associés à des étoiles de David ou des accusations non fondées contre Israël concernant des atteintes aux droits humains. Ces comportements, souvent partagés sur les plateformes numériques, contribuent à la banalisation de l’antisémitisme, selon elle.
Une perspective historique et juridique
La proposition de loi s’inscrit dans la continuité de la loi Gayssot de 1990, qui pénalise la négation de l’Holocauste. Caroline Yadan souhaite aller plus loin en incluant les formes implicites de minimisation de l’Holocauste, telles que les comparaisons entre Israël et le régime nazi, qu’elle considère comme une « banalisation scandaleuse ». Pour éviter toute censure constitutionnelle, elle a veillé à adapter le texte aux contraintes juridiques françaises.
Le contexte politique
Malgré un large soutien parlementaire, Yadan ne s’attend pas à recevoir l’appui du parti La France Insoumise (LFI), qu’elle accuse de tolérer l’antisémitisme sous le couvert de l’antisionisme. Elle a cité le philosophe Vladimir Jankélévitch, qui considérait l’antisionisme comme une forme dissimulée d’antisémitisme.
Une réponse à une menace croissante
Pour Yadan, la situation actuelle de l’antisémitisme en France est « effrayante ». Selon elle, la prolifération de discours haineux à l’égard des Juifs et d’Israël nécessite une réponse juridique forte. Cette proposition de loi ambitionne de renforcer les outils existants pour mieux lutter contre les nouvelles formes d’hostilité antisémite, tout en affirmant le caractère universel des droits humains.