Le 6 mars 2024, des informations alarmantes émanant de Christian Solidarity Worldwide (CSW) ont révélé des pratiques inhumaines à l’égard de certaines détenues, dont des prisonnières politiques, au sein du système pénitentiaire pour femmes, communément appelé La Esperanza, situé à Tipitapa, dans le département de Managua, au Nicaragua.
Selon les sources de CSW, ces femmes ont été soumises à des sanctions draconiennes pour avoir prié à haute voix et utilisé des chapelets à l’intérieur de l’établissement. Depuis la mi-janvier 2024, elles se voient interdire toute sortie extérieure, une punition sévère comparée à leur autorisation antérieure de sortir une fois par semaine. De plus, certaines auraient été victimes de violences physiques lors d’interrogatoires, laissant des marques de coups sur leurs bras et leurs jambes. Le traitement infligé viole de manière flagrante les Règles Nelson Mandela, un ensemble de normes minimales pour le traitement des détenus établies par les Nations Unies.
Parmi les détenues se trouve Olesia Auxiliadora Muñoz Pavon, une figure emblématique de la communauté, directrice de la chorale de la paroisse Santa Ana de Niquinohomo, dans le département de Masaya. Cette femme de 52 ans, arrêtée le 6 avril 2023, avait déjà été incarcérée de août 2018 à juin 2019 sur la base d’accusations mensongères. Malgré son incarcération précédente, elle avait trouvé dans la musique un moyen d’expression et de réconfort au sein de la prison.
La situation à La Esperanza est décrite comme critique, avec une surpopulation carcérale et un manque criant d’infrastructures de base. Les défaillances vont de l’absence d’eau potable à l’insuffisance de lits, de médicaments et de soins médicaux. Les cellules surpeuplées peuvent héberger jusqu’à 75 prisonnières, tandis que d’autres sont confinées dans des cellules individuelles. De plus, les conditions de détention des prisonniers politiques sont particulièrement alarmantes, avec des rapports indiquant des mesures restrictives draconiennes.
L’accès aux prisons nicaraguayennes est sévèrement limité pour les organismes de défense des droits de l’homme. Depuis 2010, le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH) se voit refuser l’entrée dans les établissements pénitentiaires, tandis que la Croix-Rouge, qui fournissait une assistance humanitaire régulière, a été expulsée du pays en 2023.
Le 29 février 2024, le Groupe d’experts en droits de l’homme des Nations Unies sur le Nicaragua (GHREN) a publié un rapport accablant sur la situation des droits de l’homme dans le pays. Le rapport met en lumière les graves violations systématiques des droits de l’homme, qualifiées de crimes contre l’humanité, perpétrées par le gouvernement nicaraguayen pour des motifs politiques. Le GHREN a exhorté les autorités à libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement.
Face à cette situation alarmante, Anna Lee Stangl, responsable du plaidoyer à CSW, a exprimé son indignation : « Beaucoup de ces femmes ne devraient pas être en prison. Il est inadmissible que des prisonniers, quels qu’ils soient, soient soumis à des traitements inhumains en guise de punition pour le simple exercice de leurs croyances religieuses. CSW demande au gouvernement nicaraguayen de veiller à ce que les règles de Nelson Mandela soient respectées dans toutes les prisons et pour tous les prisonniers à travers le pays et appelle à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques au Nicaragua. Nous nous faisons l’écho des appels lancés par le GHREN à la communauté internationale pour qu’elle étende les sanctions à l’encontre des personnes et des institutions impliquées dans les violations des droits de l’homme au Nicaragua ».
La situation des détenues à La Esperanza soulève des préoccupations majeures quant au respect des droits de l’homme et de la dignité humaine au Nicaragua. Des actions urgentes sont nécessaires pour remédier à cette situation alarmante et assurer le respect des normes internationales en matière de traitement des détenus.